L’Alliance atlantique s’agite et multiplie les déclarations belliqueuses. L’imminent danger viendrait de l’Est. Selon Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui s’est livré dans les colonnes du britannique The Times, celle-ci prépare actuellement une conséquente force militaire qui, en l’espace de deux mois, serait sur le pied de guerre pour contrer une éventuelle agression militaire russe contre les pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie).
Celui-ci a omis d’avancer des chiffres sur l’envergure de ces troupes, mais l’information a été distillée par le représentant permanent du Royaume-Uni auprès de l’OTAN, qui avance le nombre de… 300.000 soldats. De quoi relancer la seconde édition de la longue et pénible guerre froide. A la question de connaître les raisons de cette soudaine levée de boucliers, Stoltenberg évoque «une implication militaire russe, plus nette qu’avant, au cours de ces dernières années : le triplement des dépenses en matière de défense depuis 2000, le développement de nouvelles compétences militaires, l’entraînement et l’utilisation des forces militaires de la Russie contre ses voisins…».
L’effervescence de l’Alliance atlantique sur le continent européen est justifiée aussi par la «diffusion de la propagande russe» en Europe parmi les alliés de l’OTAN.
Ce soudain plan d’accroissement des capacités militaires de l’Europe a été décidé, en octobre dernier, entre les ministres de la Défense des pays membres de l’OTAN. Mais Jens Stoltenberg, dans ses déclarations va-t-en-guerre, fait sciemment l’impasse sur les milliards d’euros dépensés en matière d’armes de guerre, conventionnelles et surtout atomiques. Cet épisode dont les prémices remontent au dernier sommet de Varsovie lors duquel l’OTAN avait annoncé le déploiement de pas moins de 1.000 soldats en Pologne et quatre bataillons de 4.000 hommes dans les pays baltes, cela sous couvert de la «menace russe» tapie sous les murs de l’Europe.
Les responsables russes, accusés franchement d’avoir des visées guerrières, ont vivement critiqué cette sortie européenne et se désolent que «l’OTAN continue de voir le monde politico-militaire à travers une sorte de miroir déformant», comme l’a asséné le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Pour ce dernier et pour nombre d’analystes éclairés, l’Alliance gagnerait grandement à focaliser ses efforts sur le maintien de la paix et de la stabilité en Europe, au lieu de concentrer ses forces face à une hypothétique menace venant de l’Est, que les Russes qualifient de délire.