L’annonce du prochain démarrage de l’offre Internet 3G par les principaux opérateurs de téléphonie mobile est une bonne nouvelle pour l’économie algérienne.
D’après les preuves empiriques, l’augmentation de l’offre haut débit mobile conduit à la croissance économique (croissance du PIB par habitant) et dans le cas d’un pays en développement comme l’Algérie, on dit même que la 3G a le potentiel de pousser au développement économique. Selon Lotfi Allal, consultant en systèmes d’information et nouvelles technologies, jusqu’à présent les coûts élevés, la faiblesse de l’offre et la forte demande (dépassant l’offre) ont été les obstacles majeurs à l’utilisation rationnelle d’Internet par les acteurs économiques en Algérie.
Les perspectives qui se profilent à l’horizon grâce à la future généralisation de haut débit Internet en Algérie (mobile et filaire) s’annoncent riches. Un vaste marché de services et de produits va se créer pour accompagner les entreprises et organisations pour bouleverser en profondeur les pratiques et les modes de gestion. Les sociétés algériennes de services et d’ingénierie informatique auront la possibilité de se redéployer afin de fournir des produits et services adaptés aux besoins locaux dans des domaines aussi divers que la dématérialisation des documents et de processus, l’e-learning (apprentissage assisté par ordinateur), la mise en place d’outils d’aide à la décision et au management stratégique, et l’intégration des outils de travail à distance, ainsi que toutes les techniques modernes d’aide à la production de valeur ajoutée.
Afin de couvrir ces besoins, il sera nécessaire d’adapter l’offre de formation de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle afin de pouvoir satisfaire la demande du marché de l’emploi en termes de techniciens et d’ingénieurs spécialisés. Au final, les savoir-faire et l’expertise qui seront acquis pour satisfaire les besoins induits par la diffusion de l’Internet haut débit permettront d’augmenter la part des TIC dans le PIB, avec la possibilité d’exporter cette compétence (la proximité du marché européen va conduire à des possibles délocalisations dans le domaine des services à fortes valeurs ajoutées).
La pénétration de la 3G en Algérie va donc constituer pour les entreprises implantées en Algérie une formidable opportunité, permettant la modernisation des processus de management, le partage d’informations et la réalisation de gains substantiels de productivité, ainsi qu’une plus grande capacité d’adaptation dans un environnement mondialisé, où la concurrence est féroce.
«L’entreprise sera présente dans la poche du client»
Tel est l’impact de la pénétration de la 3G en Algérie, selon Mohamed Nadir Meddour, consultant dans le domaine du e-business et du marketing digital. Ce dernier fait référence au rapprochement client/entreprise par le biais des applications mobiles qui contiennent informations et publicités. L’entreprise pourra donc communiquer directement avec ses clients qui auront un accès facile à internet où qu’ils soient à travers le téléphone qui est l’objet le plus intime des algériens. Les entreprises sont donc appelées à développer des applications selon le besoin et l’activité. C’est le décollage du marketing mobile, ce que l’on appelle le m-marketing.
Cependant, il faut tenir compte du fait que les prix qui seront proposés au lancement de la 3G ne seront pas accessibles à toutes les bourses. Les entreprises devraient donc segmenter leurs marchés et dans ces segments elles auront certainement une niche de clients aux revenus importants pouvant se procurer le service. Ces clients existent dans tous les secteurs : habillement, agroalimentaire, télécommunications…
Au début, les offres seront principalement destinées aux entreprises (des offres corporate), ces offres vont par la suite se généraliser. Notre interlocuteur nous renvoie vers l’histoire du mobile en Algérie et l’explosion du marché à une grande vitesse ; en dépit des prix qui étaient élevés au départ, cela n’avait pas découragé les consommateurs à acquérir ces produits. Nadir Meddour envisage le même scénario pour la 3G, d’autant plus que pour la 3G la concurrence y est déjà avec la présence des trois opérateurs sur le marché qui seront obligés de travailler l’offre commerciale en vue de proposer des prix compétitifs aux clients.
Du côté de la demande, le taux d’équipement des algériens en smartphones est un bon indicateur de la demande des algériens pour ce service. Sinon, quel est l’internet de posséder un tel appareil si l’on ne dispose pas d’une connexion internet ? Bien entendu, nous ne devons pas exclure l’existence du phénomène de mode qui fait que certains perçoivent le smartphone comme étant un objet de mode, leur permettant de combler un besoin d’appartenance, sans pour autant s’intéresser à l’usage.
Mais cette catégorie de clients ne doit pas être dominante, car on voit bien certains jeunes algériens avec leurs smartphones à la recherche du wifi pour se connecter. Ils sont quand même conscients de l’usage qu’on peut faire d’un tel appareil. La réactivité des gens sur les réseaux sociaux avec les événements relatifs à la 3G et la façon dont ils ont suivi le feuilleton constitue également un bon indicateur de la demande pour ces produits ; après, cela reste une question de pouvoir d’achat !
Par ailleurs, si la 3G à ses débuts ne concernera que les grandes villes, cela se justifie parfaitement du moment où la demande est principalement présente dans ces pôles économiques, c’est la réalité du marché. D’autant plus que l’investissement dans le domaine est lourd et ce serait un suicide pour les opérateurs et entreprises du domaine d’investir dans les villes où le retour n’est pas gar-anti.
