NEW YORK – La 71ème Assemblée générale de l’ONU s’ouvrira mardi à New York sur fond d’une crise géopolitique majeure, accentuée par la guerre et les crises migratoires au Moyen Orient.
Pour la première fois l’Assemblée générale a appelé de ses vœux à la tenue d’une réunion de haut niveau sur les déplacements massifs des réfugiés et des migrants.
La réunion prévue lundi prochain devrait réunir des chefs d’Etats et de gouvernements pour discuter de la gestion des mouvements des réfugiés et aussi d’un plan plus responsable en réponse à cette crise, a précisé l’ONU.
Ces discussions interviendront juste après l’annonce d’un accord russo-américain sur une trêve en Syrie, où la guerre a fait plus de 250.000 morts et cinq millions de réfugiés, soit « la plus grande population de réfugiés pour un seul conflit en une génération », selon les termes du haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
L’ONU qui avait salué l’accord a dit s’attendre à ce que toutes les parties facilitent les efforts des Nations Unies pour livrer l’aide humanitaire aux populations, y compris celles qui vivent dans les zones assiégées.
A quelques jours de la tenue de la réunion, l’ONU s’active pour faire adopter le projet de « Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants » qui sera prononcé au cours de sa séance plénière de haut niveau qui se tiendra le 19 septembre.
Le projet de déclaration de la réunion ne fait pas l’unanimité
Cependant, le document final de la déclaration, transmis la semaine dernière à la 71ème Assemblée générale de l’ONU, ne fait pas l’unanimité parmi les parties concernée par ce dossier.
L’Union Européenne, souvent critiquée sur la question de la détention des enfants réfugiés et sur son manque d’implication dans la crise, a émis des réserves le document de l’ONU en mettant l’accent sur le partage des responsabilités.
L’UE qui a reconnu la nécessité de parvenir à un accord consensuel sur le dossier des réfugiés s’est défendue en précisant que la détention des enfants ne pouvait être qu’un « dernier recours dans des circonstances exceptionnelles » et que ses accords juridiques en place offraient une plus grande protection des droits de l’homme des migrants et de leurs familles.
La Russie a de son côté refusé toute interprétation du document final de la déclaration qui peut aller à l’encontre des principes fondamentaux de neutralité et du respect de l’intégrité territoriale des Etats.
« La situation actuelle est le résultat de l’ingérence irresponsable dans les affaires intérieures du Moyen Orient et d’Afrique du Nord », a souligné la Russie vendredi dernier lors des discussions tenues sur ce document.
L’ONU a affirmé de son côté qu’en dehors de toutes considérations, l’économie mondiale estimée à près de 77.000 milliards de dollars a été incapable de mobiliser 10 milliards de dollars de besoins humanitaires.
« C’est frustrant », a déclaré vendredi, Mogens Lykketoft, président de la 70ème Assemblée générale de l’ONU à propos de l’échec de la communauté internationale à engager les financements nécessaires pour résoudre cette crise et mettre un terme aux attaques contre les civils qui sont à l’origine des déplacements des réfugiés.
Réfugiés: un sommet américain parallèle à celui de l’ONU
En parallèle à cette rencontre, le président Barack Obama organisera le 20 septembre à New York un sommet des dirigeants sur les réfugiés qui exhortera les gouvernements à prendre de nouveaux engagements en faveur des personnes déplacées par la guerre.
En dépit des déclarations de responsables américains sur la nécessité d’augmenter les engagements financiers en faveur des réfugiés, la Maison Blanche a refusé de s’engager sur un objectif chiffré concernant leur accueil.
Le 29 août dernier, la Maison Blanche avait annoncé l’accueil de 10.000 réfugiés syriens en un an, remplissant un engagement pris par le président Obama sur un sujet qui divise la classe politique américaine.
Mais cet objectif reste dérisoire face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire en Syrie. La position américaine a été notamment rendue intenable par l’Allemagne qui a accueilli en 2015 un million de demandeurs d’asile pour la plupart originaires de Syrie et d’Irak et prévoit 300.000 nouveaux arrivants en 2016.
Washington a été régulièrement critiqué pour son manque de réactivité face à la crise migratoire massive déclenchée par le conflit en Syrie. En pleine campagne électorale pour la présidentielle, les républicains ont insisté sur l’arrêt de l’accueil de ces réfugiés par crainte d’infiltration des éléments de l’organisation de l’Etat Islamique.
Tandis que le sommet présidentiel examinera la question des réfugiés, la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale se penchera sur les déplacements massifs des migrants et des réfugiés. Les deux événements seront complémentaires, selon l’ONU.
Par ailleurs, l’ONU a reporté au jeudi 16 septembre la discussion sur l’inscription à l’ordre du jour de la 71 ème Assemblée générale de la question de sensibilisation de l’opinion mondiale au drame des migrants en particulier les demandeurs d’asile syriens.
La Syrie rejointe par l’Iran et le Venezuela ont dénoncé « les motifs politiques » qui sous-tendent l’inclusion de ce thème à l’ordre du jour de l’Assemblée en refusant qu’il soit maintenu.
Outre, le dossier épineux des réfugiés, l’Assemblée générale devrait aborder les questions liées au maintien de la sécurité et de la paix internationales et au développement durable notamment en Afrique.