La hausse des prix du pétrole et l’augmentation de la production des hydrocarbures, en Algérie, tirent la croissance vers le haut à partir de février 2010.
La reprise économique mondiale se poursuit, mais la crise de la dette de l’Europe engendre de nouveaux obstacles sur la voie de la croissance durable à moyen terme, prévient la dernière édition des Perspectives économiques mondiales 2010 de la Banque mondiale, publiée jeudi dernier. Selon la Banque mondiale, le PIB mondial devrait progresser entre 2,9 et 3,3% en 2010 et 2011, s’accroître davantage de 3,5 à 3,5% en 2012, après la régression de 2,1 % observée en 2009.
Les économies en développement devraient enregistrer un taux de croissance, compris entre 5,7 et 6,2% chaque année, de 2010 à 2012. Mais les pays à revenu élevé ne devraient progresser que de 2,1 à 2,3% en 2010, ce qui ne suff it pas pour compenser la contraction de 3,3% enregistrée en 2009 et de 1,9 à 2,4% en 2011.
Le rapport de la Banque mondiale indique que les perspectives pour la région du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord continueront d’être déterminées par les prix du pétrole et l’activité économique dans l’Union européenne (principal partenaire commercial de la région).
L’effondrement des prix du pétrole au début de la crise f inancière et les restrictions de la production de l’OPEP ont sensiblement réduit les recettes pétrolières, amputant les flux d’investissement étrangers directs intrarégionaux, les envois de fonds des migrants et les recettes du tourisme. Toutefois, les volumes et les valeurs des exportations devraient rebondir, augmentant respectivement de 2,0 et de 13,5% en 2010.
De plus, il est prévu que la reprise dans la région va se raffermir, le taux de croissance passant de 4,0% en 2010 à 4,3% et 4,5% en 2011 et en 2012, respectivement. Le document rappelle, les pays en développement exportateurs de pétrole, comme l’Algérie, ont ressenti l’impact de la crise, principalement à cause du circuit des prix du pétrole, qui a fait que les exportations de notre pays ont décliné de plus de 40%.
Cependant, note le rapport, la forte croissance hors hydrocarbures enregistré en Algérie, a atténué, quelque peu, l’impact de la crise. « Bien que les dépenses publiques dans ces pays soient typiquement pro-cycliques, dans la crise actuelle, l’Algérie a utilisé le stimulus f iscal pour encourager la croissance économique », souligne le document, faisant état de l’augmentation des revenus, ces derniers mois, avec la stabilisation des prix du pétrole près de 80 dollars le baril.
La hausse des prix du pétrole et l’augmentation de la production des hydrocarbures, en Algérie, tirent la croissance vers le haut à partir de février 2010. La Banque mondiale prévoit une croissance du produit intérieur brut de 4.6% en 2010, 4,1% en 2011 et 4,3% en 2012 contre 2,1% en 2009.
«Les résultats meilleurs aff ichés par les pays en développement dans le monde d’aujourd’hui caractérisé par la croissance multipolaire sont rassurants», a déclaré Justin Yifu Lin, le chef économiste et Premier Vice-président de la Banque mondiale chargé de l’économie du développement. «Mais, pour que la reprise perdure, il faudrait que les pays à revenu élevé mettent à profit les possibilités offertes par la solide croissance dans les pays en développement. »
La reprise se heurte à de nombreux obstacles de taille à moyen terme, notamment les flux internationaux de capitaux limités, le taux élevé de chômage et les capacités excédentaires dépassant les 10 % dans de nombreux pays.
Selon le rapport, si l’impact de la crise de la dette européenne a été jugulé jusqu’à présent, l’accroissement persistant de la dette souveraine pourrait renchérir le crédit et limiter les investissements et la croissance dans les pays en développement.
Sur une note positive, le commerce mondial des marchandises a enregistré une solide reprise et devrait progresser de l’ordre de 21 % cette année, avant que les taux de croissance ne se tassent à environ 8 % entre 2011 et 2012. Près de la moitié de l’augmentation de la demande mondiale de 2010 à 2012 sera attribuable aux pays en développement.
Les projections de la Banque mondiale supposent que les efforts déployés par le FMI et les Institutions européennes permettront de parer à un défaut de paiement ou à la restructuration des principales dettes souveraines européennes. Or, même dans ce cas, les pays en développement et les régions qui ont des liens commerciaux et f inanciers étroits avec les pays à revenu élevé surendettés pourraient subir de graves répercussions.
«Les mesures de relance de la demande dans les pays à revenu élevé font de plus en plus partie du problème et non pas de la solution», estime Hans Timmer, Directeur du Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale. «Une diminution plus rapide des dépenses pourrait réduire les coûts d’emprunt et favoriser la croissance dans les pays à revenu élevé et les pays en développement à plus long terme.».
Quelle que soit la manière dont évoluera la situation de la dette dans les pays d’Europe à revenu élevé, on ne peut pas exclure une nouvelle crise f inancière dans certains pays de l’Europe en développement et d’Asie centrale, où l’augmentation des prêts non productifs, imputable à la lenteur de la croissance et à des niveaux élevés de dette à court terme, pourrait compromettre la solvabilité du secteur bancaire.
«Les pays en développement ne sont pas à l’abri des effets de la crise de la dette souveraine des pays à revenu élevé», estime Andrew Burns, chef de Macroéconomie mondiale à la Banque mondiale.
Kezoul L.