La bataille de Souk Ahras : un autre tribut sanglant à la liberté

La bataille de Souk Ahras : un autre tribut sanglant à la liberté

La bataille de Souk Ahras, dont on célèbre ce mardi le 53e anniversaire de son déroulement, est l’une de ces épopées héroïques qui parsèment les sept années et demie de la glorieuse Révolution de Novembre.

Les faits de cette bataille, qui dura toute une semaine à partir du 26 avril 1958, avaient commencé à Ouilène, près de Souk Ahras, pour s’étendre jusqu’aux hauteurs de Hammam N’bails, non loin de Guelma, sur un rayon de plus de 50 km.

Les survivants de cet engagement de l’Armée de libération nationale (ALN), aujourd’hui organisés en association, font état de la mort au champ d’honneur de 639 moudjahidine, tandis que les pertes ennemies avaient été estimées à 300

soldats tués et 700 blessés.

Selon le président de cette association, Hamana Boularès, l’accrochage initial a eu lieu dans la région de Zaarouria, alors que le commandement de l’ALN avait donné l’ordre d’éviter, autant que faire se peut, tout engagement contre l’ennemi, afin de faciliter le passage des armes sous les lignes électrifiées Challe et Morice. Le convoi acheminant les armes était protégé par le 4ème bataillon commandé par le chahid Mohamed-Lakhdar Sirine, deux compagnies de la wilaya II et une compagnie de la wilaya I.

C’est au moment du passage du quatrième bataillon et des trois compagnies venant de Tunisie, près de Djebel Salah, que l’accrochage a eu lieu. Hamma Chouchène qui était adjoint du chef du 3ème bataillon, se rappelle que la bataille a été dirigée par Mohamed-Lakhdar Sirine, Youcef Latreche, Ahmed Draia et Ali Aboud.

Selon l’universitaire Abdelhamid Aouadi, cette bataille s’est déroulée dans le cadre et les circonstances décrites par le général Vanuxem, commandant de la région de Constantine. Aouadi rapporte que Vanuxem considérait que les guerres révolutionnaires ne consistent pas seulement à neutraliser les rebelles à l’intérieur, mais également à faire face à l’aide qu’ils reçoivent de l’extérieur, comme ce fut le cas en Indochine et en Algérie .

Après la construction de la ligne Morice, en juin 1957, sur le territoire de la base de l’Est, puis son achèvement en octobre de la même année, d’importantes quantités d’armes et de munitions avaient été introduites en Algérie, mais l’ennemi allait considérablement renforcer la surveillance des frontières ouest, mais surtout est.

Le commandement de la Révolution ayant constaté que la base de l’Est s’est trouvée « séparée d’une portion importante de son territoire », a mobilisé des forces pour protéger les convois d’armement, ce qui a été découvert par l’ennemi qui, à son tour, à mis sur place un puissant arsenal, aviation, blindés, artillerie, fantassins et parachutistes, entraînant de violentes batailles et de lourdes pertes des deux côtés.

Dans la nuit du 26 au 27 avril 1958, toutes les unités se mettent en mouvement. Le 28 au matin, la bataille eut lieu et devant l’inégalité des forces en présence, l’ennemi était contraint de reconnaître la supériorité morale des moudjahidine, rapportent des témoins.Selon M. Djamel Ouarti, professeur d’histoire au centre universitaire de Souk Ahras, les forces engagées par l’armée française dans la bataille de Souk Ahras étaient « considérables », l’engagement était même comparé à une bataille de la Deuxième guerre mondiale.

Ce chercheur affirme qu’aucun moudjahid ne s’est rendu à l’ennemi sur le champ de bataille.  »Même les unités encerclées s’étaient battues jusqu’au bout de leurs forces et de leurs munitions », précise-t-il, faisant référence à de nombreux témoignages de survivants.

Citant « La Dépêche de Constantine et de l’est algérien », M. Ouarti signale que les combats se sont poursuivis sans relâche, parfois au corps à corps.

Le point fort des moudjahidine était la connaissance du terrain, note-t-il, relevant également que les pertes ennemies ont été sous-estimées par les sources françaises.