Si tout le dispositif est fin prêt, il manque encore la centrale des risques censée protéger à la fois le client du surendettement et la banque prêteuse d’un crédit impayé.
Prévue initialement pour le mois de juin, une fois le décret exécutif publié au Journal officiel, l’entrée en vigueur du crédit à la consommation est reportée pour la prochaine rentrée sociale. Les ménages vont devoir prendre leur mal en patience et ajourner leurs projets d’ameublement, d’achat de la Renault Symbol, seul véhicule
éligible et autres acquisitions, au mois de septembre prochain.
Si toutes les conditions sont réunies pour la mise en application de ce produit bancaire, en revanche, un élément incontournable dans cette opération, à savoir la centrale des risques, fait défaut. Cet outil a pour objectif de protéger à la fois le client du surendettement et la banque prêteuse d’un crédit impayé. Il servira de baromètre qui surveillera le niveau d’endettement de la clientèle. Il s’agit d’un endroit où l’on centralise l’information relative au prêt. La Banque d’Algérie à laquelle échoit la mise en place de cet instrument, a pris plus de temps qu’il ne faut dans la concrétisation de son projet. Cette défaillance de la part la Banque centrale a été soulignée par le président de l’Association des banques et établissements financiers (Abef), Boualem Djebbar, lors de son passage jeudi dernier sur les ondes de la radio Chaîne III. Pour lui, la centrale de risques ne sera pas prête avant la fin du mois de juin. D’où l’inéluctable report de ce prêt au mois de septembre prochain.
“Le crédit à la consommation entrera en application en septembre, après l’installation de la centrale des risques bancaires vers la fin juin”, a-t-il précisé. Conséquence : le début de
l’encouragement de la production nationale et la réduction des importations, objectifs majeurs assignés à cette activité bancaire d’envergure, seront indubitablement renvoyés à une échéance ultérieure. Les perspectives auxquelles aspirent les consommateurs sur la base de ce prêt seront, de ce fait, chamboulées, voire carrément remises en cause quand on sait que la date de l’application du crédit à la consommation coïncidera avec la rentrée scolaire. À cette période précise, les ménages sont appelés à acheter des fournitures scolaires et de nouvelles tenues vestimentaires pour leurs enfants. Autant de dépenses qui viendront asphyxier davantage les parents après celles du Ramadhan et de la fête de l’Aïd el-Fitr. Pourtant, le délégué général de l’Abef,
Abderrazak Trabelsi, assurait, il y a une année, que les travaux de modernisation de la centrale des risques lancés en prévision du retour de ce crédit, s’achèveraient dès la fin de l’année 2014. Mieux, il avait insisté aussi sur le fait que toutes les banques nationales étaient “prêtes, sans délai” pour la relance de ce prêt. Ne voilà-t-il pas qu’une année plus tard, la Banque d’Algérie devient, du coup, le maillon faible de la chaîne de mise en œuvre du crédit à la consommation. Interrogé sur le taux d’intérêt qu’appliqueront les banques pour ce prêt qui serait fixé à 7%, M. Djebbar dément : “Il n’y a pas de taux fixé initialement. Chaque banque établira son taux d’intérêt, selon le produit acheté.”
Les banques et les établissements financiers se préparent ainsi à cette nouvelle donne sur la place financière. Ils seront donc connectés à cette centrale des risques qui se veut un outil plus moderne, rapide, performant et sécurisé. La mise à niveau de la centrale peut, désormais, ouvrir la voie au retour du crédit à la consommation, puisque son annulation, par la loi de finances 2009, a été motivée par le surendettement des ménages.
Reste à savoir si cette machine, qui est stoppée net par ce grain de sable qu’est la centrale des risques, sera bien huilée prochainement et permettra aux consommateurs aux bourses moyennes de réaliser leurs rêves qu’ils caressent depuis des décennies