Comme à chaque année, dès que l’été jette l’ancre, les habitudes alimentaires des Algériens basculent vers l’alimentation légère, notamment la consommation des produits laitiers, à l’instar des yaourts et des repas froids composés essentiellement de patés et de conserves.
Même si ces produits offrent une saveur particulière à la consommation en ces temps de grandes chaleurs, ces derniers représentent une sérieuse menace pour la santé du citoyen, ceci, si les conditions d’acheminement et de stockage ne se font pas dans les normes requises.
S’ajoute à cela l’avènement d’un certain nombre de commerces, autrefois inexistant dans les moeurs des Algériens, à savoir la vente de pain sur les trottoirs dans des conditions lamentables et souvent dans le mépris des règles les plus élémentaires de la diététique alimentaire. Les infractions sont de mises. Pour n’aborder que l’aspect lié aux produits laitiers et ceux de la boucherie dont le respect de la chaîne de froid est plus que recommandé.
Malgré le durcissement des lois à l’encontre des contrevenants, les équipes de contrôle relevant de la direction du commerce de la wilaya d’Alger ont rédigé pendant le mois de juin moins de1 016 procès verbaux contre des commerçants contrevenants dans le cadre de 3 631 interventions où il a été proposé la fermeture de 21 locaux commerciaux dont des restaurants, des boucheries et des boulangeries.
Des chiffres qui donnent matière à réflexion aux responsables, étant donné le risque qu’encourt le consommateur. Ce comportement immoral notamment chez les bouchers et autres vendeurs de produits laitiers est plus apparent et plus criminel en été où les grosses chaleurs participent à la détérioration des produits exposés au mépris des lois régissant ce type de commerce.
Certains de ces commerçants font fi des règles régissant la chaîne du froid destinée à conserver les denrées périssables exposant ainsi la santé des citoyens au risque d’atteinte d’intoxication alimentaire. Le génie malfaiteur ne cesse de gagner du terrain profitant de l’incapacité des services concernés de faire face à défaut du nombre croissant de ces dernières et des moyens mis à leur disposition.
Certains marchands peu scrupuleux débranchent les frigos le soir par souci d’économie d’électricité, foulant au pied le droit des citoyens à un produit conforme aux normes en contrepartie de l’argent qu’ils perçoivent.
Par ailleurs, de l’avis d’un responsable du bureau des activités commerciales à la direction du commerce de la wilaya d’Alger, le maillon faible de la chaîne de lutte contre ces pratiques criminelles est l’absence, sur le terrain, des associations de protection et de défense des consommateurs.
Le consommateur algérien est livré à lui-même, il n’est pas renseigné sur ses droits en la matière; chose qui laisse lesdits commerçants étendre leurs forfaits. Le constat est confirmé par le responsable du bureau de contrôle de la qualité à la direction du commerce de la wilaya d’Alger, Ismail Boualdja, qui, a souligné que le non-respect des conditions de conservation au frais des denrées alimentaires est une attitude assez répandue parmi les commerçants.
Et pour juguler un tant soit peu le phénomène, des équipes de lutte contre la fraude ont été équipées de mécanismes leur permettant de s’assurer du respect des températures requises pour la conservation de ces denrées à commencer par leur transport jusqu’à leur étalage.
Le travail de ces équipes, enchainera-t-il, commence avec l’importation des denrées alimentaires, précisant que les agents pénètrent dans les camions frigorifiques transportant ces denrées pour vérifier les conditions de conservation. Lorsque le conducteur éteint son appareil frigorifique en cours de route, les agents de contrôle peuvent détecter cette infraction par des moyens techniques très développés.
Cependant, la coupure du courant se fait généralement le soir lorsque les agents de contrôle et de lutte contre la fraude ne sont plus en service, les empêchant ainsi de détecter cette infraction, un vide qui profite à ces commerçants malhonnêtes.
Dans ce contexte, Ismaïl Boualdja a précisé que la direction du commerce dépêche souvent ses agents très tôt le matin pour contrôler les conditions de conservation des denrées alimentaires ajoutant que les moyens mis en place et les horaires de travail ne leur permettaient pas d’intensifier ces sorties.
La loi n’occulte pas cet aspect, soulignera-t-il, et prévoit de lourdes sanctions contre ceux qui mettent en péril la santé du citoyen à travers la décision interministérielle relative à la température de conservation des denrées alimentaires.
Les articles 13 et 22 du décret exécutif n°53-91 relatif aux conditions d’hygiène lors du processus de mise à la consommation des denrées alimentaires et les articles 6 et 7 de la loi 03-09 de 2009 prévoient une amende allant de 50 000 à 1 000 000 DA contre tout contrevenant.
Kamal Lembrouk