La Chine et l’Iran inquiètent les investisseurs : Le brut dévisse fortement

La Chine et l’Iran inquiètent les investisseurs : Le brut dévisse fortement

Écrit par Hakim Ould Mohamed

Les cours du pétrole ont fortement dévissé, hier, sous l’effet d’une combinaison de facteurs inquiétants. Les prix ont atteint leur plus bas niveau en un mois alors que les marchés se détournaient des actifs les plus risqués, dont le pétrole. Les tentatives chinoises de rassurer le marché quant à la bonne santé de son économie n’ont pas suffi, jusqu’ici, à effacer la prudence des investisseurs.

Du côté du marché, l’évolution des cours est prise en tenaille entre les perspectives de sanctions américaines contre l’Iran et l’offre de plus en plus abondante de l’Opep et de ses partenaires. La grisaille provoquée par la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, semble se dissiper peu à peu. En tout cas, à très court terme, c’est l’Iran qui inquiète le plus le marché avec, comme perspective, le rétablissement, dès le 5 novembre prochain, des sanctions contre son pétrole. Le pays pèse 4,5 millions de barils par jour sur l’échiquier pétrolier mondial. Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled Al-Faleh, a laissé entendre, lundi, que son pays serait incapable de compenser les pertes iraniennes, une déclaration qui n’est pas passée inaperçue, d’autant plus qu’elle ne correspond point avec les précédentes formules usitées par le même ministre, dans ses différentes tentatives de rassurer quant à l’approvisionnement mondial du pétrole. Khaled Al-Faleh a indiqué, lundi, que «si trois millions de barils par jour disparaissent, nous ne pourrons pas couvrir ce volume». Le ministre a, par ailleurs, indiqué que l’Arabie saoudite augmenterait sa production de 10,7 millions de barils par jour à 11 millions, précisant que le pays pourrait encore l’accroître jusqu’à 12 millions. Il a surtout précisé qu’il ne pouvait donner aucune garantie que les prix ne puissent atteindre 100 dollars le baril dans les mois à venir. Hier, s’exprimant lors d’un forum international sur l’investissement à Riyad, le ministre saoudien semble vouloir préciser ses déclarations de la veille et tenter, par la même, de corriger un pas de danse raté, soulignant que son pays augmenterait sa production de brut et sa capacité de réserve pour contribuer à maintenir un équilibre sur le marché mondial.

Opep-non-Opep, vers un accord à durée indéterminée

Outre le fait qu’il n’exclut pas que «la production du royaume, qui a été de 9-10 (millions de barils par jour) au cours de la dernière décennie, sera supérieure d’un à deux millions de barils», Khaled Al-Faleh a également déclaré que l’Opep et les producteurs non-membres du cartel devraient signer en décembre un accord «à durée indéterminée» pour poursuivre leur coopération sur les marchés énergétiques. Le ministre saoudien a dit s’attendre à ce que la demande de pétrole, qui s’élève actuellement à environ 100 millions de barils par jour, atteigne 120 millions de barils par jour au cours des trois prochaines décennies. Khaled Al-Faleh a déclaré qu’environ 25 pays producteurs, de l’Opep et non-membres du cartel, devraient signer en décembre un accord de coopération à long terme après le succès de leur coordination jusqu’ici qui a contribué à faire remonter les prix. «Ce que nous espérons faire, c’est signer un accord entre au moins les 25 (producteurs) signataires de l’entente actuelle. Espérons que d’autres pays (nous) rejoindront», a-t-il dit. «Il s’agira d’un accord à durée indéterminée pour continuer à surveiller et à travailler ensemble pour stabiliser les marchés. C’est l’objectif de l’accord : surveiller et stabiliser», a-t-il déclaré. Le ministre saoudien a estimé que le marché pétrolier était « en bonne position aujourd’hui en termes d’équilibre entre l’offre et la demande et de stocks », après la levée des restrictions sur la production en juin. En tout cas, les propos de Khaled Al-Faleh n’ont pas été de nature à rassurer les investisseurs qui gardent les yeux rivés sur l’Iran et la Chine, deux facteurs d’inquiétude qui ont contribué à la chute des cours, se situant, hier, à leur plus bas niveau en un mois. Vers 16h30 (heure d’Alger), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 77,33 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,50 dollars par rapport à la clôture de lundi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, cédait 1,95 dollar à 67,22 dollars.