Le nouveau navire de 50 000 tonnes, à propulsion classique et sans catapulte, est une étape vers une prochaine génération plus puissante.
La Chine fait désormais partie du club très fermé des nations capables de construire un porte-aéronefs moderne, avec les États-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, et dans une moindre mesure l’Italie et l’Espagne. Pékin a en effet mis à flot mercredi 26 avril son nouveau porte-avions, en construction depuis 2013 au chantier naval de Dalian (nord-est). Le navire, dont on ignore encore le nom, doit subir une série d’essais en mer et être progressivement armé, puis rejoindre le service actif à l’horizon 2019-2020.
En affirmant ainsi sa puissance navale, quelques jours après le 68e anniversaire de la Marine de l’Armée populaire de libération, Pékin parle directement à Washington. Pour le gouvernement chinois, qui a soigneusement mis en scène le lancement en grande pompe, il s’agissait en effet d’envoyer un signal fort à Donald Trump. Le président américain avait répondu aux récentes tensions dans la péninsule coréenne en promettant d’envoyer « une armada » au dictateur Kim Jong-Un après de nouvelles avancées supposées de son programme nucléaire (une armada américaine qui, en réalité, n’avait pas fait route dans la bonne direction…).
Plus gros, mais moins high-tech que le Charles de Gaulle
La construction de ce navire chinois (nom de code « Type 001A », ça ne s’invente pas) avait fait l’objet de nombreuses spéculations, comme le raconte le site spécialisé Zone militaire : ce n’est que grâce à la maladresse d’un fabricant de câbles qui se vantait en 2015 d’avoir remporté le marché du « second porte-avions », que l’on a eu confirmation que le chantier était en cours.
Le porte-avions jauge 50 000 tonnes. C’est un cinquième de plus que le Charles de Gaulle français (42 000 tonnes), mais deux fois moins que les monstres américains de l’US Navy, des classes Nimitz et, depuis peu, Gerald R. Ford (100 000 tonnes). Disposant d’un pont d’envol incliné, il n’est pas équipé de catapultes pour les avions, contrairement aux navires américains et français, et accueillera essentiellement des chasseurs multirôles J-15. De même, il n’est pas équipé d’un réacteur nucléaire mais d’un système de propulsion classique.
Première étape « indigène »
« Il est très probable qu’il s’agisse du premier d’une série de porte-avions indigènes », estime Juliette Genevaz, spécialiste de la Chine à l’institut de recherche stratégique de l’École militaire française, interrogée par l’AFP. Pour James Char, expert à l’école S. Rajaratnam d’études internationales à Singapour, il faudra attendre des navires équipés de catapultes et d’un réacteur nucléaire pour pouvoir parler de « bond technologique » des ingénieurs navals chinois. Ces étapes qui seront peut-être franchies avec la construction de nouveaux porte-avions chinois de nouvelle génération, dont l’un est déjà en chantier.
Le nouveau navire n’est pas le tout premier porte-avions chinois, le pays ayant acquis en 1998 un ancien navire soviétique auprès de l’Ukraine. Après avoir été rénové et rebaptisé Liaoning, ce porte-avions de conception rustique (fin des années 1970) était devenu en 2011 le tout premier porte-avions à entrer en service au sein de la marine de l’empire du Milieu. Il permet aujourd’hui au groupe aéronaval chinois de s’entraîner et d’acquérir des compétences essentielles, en prévision d’une montée en puissance dans les décennies à venir. La marine russe possède le navire-jumeau du Liaoning, l’Amiral Kouznetsov, qui a été récemment déployé au large de la Syrie.