Une petite bonne nouvelle tout de même: les recettes des exportations d’hydrocarbures ont connu une amélioration de l’ordre de 0,44% malgré la sévère chute des prix du pétrole. L’orage ne passe pas. La tempête n’est pas écartée. L’économie nationale reste sous sa menace. Tant que persistera la dégringolade des cours de l’or noir. Tant que leur niveau se situera au-dessous de la barre symbolique des 100 dollars, l’heure sera à la déprime.
Un constat établi par les spécialistes, les institutions internationales et nationales (Banque d’Algérie, Banque mondiale, Fonds monétaire international…) qui ne constitue ni une vue de l’esprit ou une quelconque analyse complaisante vouée à des objectifs malintentionnés. L’Algérie ressemble à un grand corps malade dont des anticorps puissants lui font afficher une bonne santé. Un diagnostic établi par des chiffres indiscutables.
L’économie nationale continue à dégager un solde positif dans un climat de morosité ambiante. Son excédent commercial s’élève à 5,39 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l’année 2014. Soit un recul de 18% par rapport à la même période de l’année 2013 où il avait affiché 6,6 milliards de dollars. «De janvier à septembre 2014, les exportations de l’Algérie ont atteint 49,23 milliards de dollars (contre 48,53 milliards de dollars à la même période de 2013), enregistrant une hausse de 1,44%,» indiquent les chiffres livrés par le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis) répercutés par une dépêche de l’APS datée du 20 octobre.
«Les hydrocarbures ont continué à représenter la plus grande part des exportations avec une part de 95,83% du volume global des expéditions algériennes à l’international, soit 47,18 mds usd durant les neuf mois de 2014 (contre 46,97 mds usd à la même période de l’année dernière), enregistrant ainsi une légère amélioration de 0,44%, malgré la chute des prix du pétrole durant ces derniers mois.» ont précisé les experts du Cnis. Des performances réalisées dans un contexte difficile, minées par une facture des importations qui s’est élevée de près de 5%.
Les importations «se sont établies à 43,83 milliards de dollars contre 41,93 milliards de dollars en hausse de 4,55% durant la même période de comparaison,» note le document des services des Douanes qui souligne que les exportations hors hydrocarbures, ont atteint 2,05 mds durant les neuf premiers mois de 2014. A peine de quoi s’acquitter de la facture des médicaments! Les ingrédients de la déprime sont donc bien là. Qu’en pensent nos experts? «Il faut apprendre à anticiper et ne pas attendre que nous nous heurtions au mur.
L’état actuel de l’économie algérienne qui reste hyper dépendante des recettes pétrolières nous dit qu’une crise se profile mais je ne peux pas dire quand», a déclaré l’économiste Mouloud Hedir lors de la Matinale du réseau Care (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise) organisée le 15 octobre 2014 à l’hôtel Sofitel d’Alger sous le thème «l’économie algérienne face au monde: besoin d’une relation plus harmonieuse». «Nous nous dirigeons à ce qui s’apparente à une crise économique et financière extrêmement sévère», a prévenu l’ancien directeur général du commerce extérieur de 1996 à 2001. Autre son de cloche.
«L’Algérie risque de voir ses recettes se contracter de 15% par rapport à 2012 avec une chute prévue des revenus à quelque 60 milliards de dollars contre 70 milliards deux ans auparavant, alors que la balance des paiements devrait enregistrer, pour la première fois depuis 15ans, un solde négatif en 2014» a pronostiqué l’ex-P-DG de la Compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach (Voir L’Expression du 20 octobre). Devant cette détérioration de conjoncture économique, due essentiellement à la dégringolade des prix du pétrole dont les revenus portent à bout de bras l’économie nationale, le Premier ministre affiche une sérénité à toute épreuve.
«L’Algérie pourra compter sur ses recettes pétrolières pour amorcer ce décollage économique, aidée par une production d’hydrocarbures, en hausse à partir de 2015, avec la mise en exploitation de plusieurs nouveaux gisements», a affirmé Abdelmalek Sellal lors de la 17e tripartite qui s’est tenue le 18 septembre dernier à Alger.