Le statut de la femme algérienne a évolué d’une manière importante et substantielle. Ce constat est celui du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini.
« Aujourd’hui, la femme est mieux protégée dans ses droits et dans sa sécurité physique, en plus de la protection politique qui s’est traduite par le système des quotas décidé par le président de la République en vue de lui garantir un place respectable au sein des assemblées élues », souligne-t-il. Mais si la situation de la femme est en train de s’améliorer, Me Ksentini estime que des efforts sont à faire en ce qui concerne le code de la famille. Que faut-il changer sur ce plan ? Le président de la CNCPPDH plaide pour la modification de la question ayant trait à l’attribution du logement à la femme divorcée. Le texte dit clairement que si elle ne bénéficie pas de logement, elle a droit à un loyer. Or les loyers fixés par les juridictions sont, selon lui, « dérisoires » sans aucune réalité avec les prix dans notre pays.
« Il faut donc que cette question soit sérieusement revue », souligne-t-il, notant que la femme divorcée chargée de la garde des enfants doit bénéficier d’un véritable loyer car 6.000 ou 8.000 DA ne peuvent permettre de se loger décemment. Dans ce sillage, Me Ksentini appelle également à la mise en application du fonds de la pension alimentaire destiné à la famille et aux femmes divorcées institué par le chef de l’Etat qui avait estimé que le refus ou l’impossibilité pour certains pères de verser une pension à leur ex-conjoint « porte atteinte à la dignité de la femme et aux droits fondamentaux des enfants ». D’où son appel pour des solutions dignes « d’un Etat solidaire ».
Mais il s’avère que ce fonds n’est toujours pas fonctionnel, observe le président de la CNCPPDH en précisant que ce fonds constitue une avancée très importante. Sur le plan professionnel, il a estimé que la femme s’investit davantage, sauf qu’il faudrait « lutter d’une façon plus rigoureuse contre le harcèlement moral ou physique car cela est moralement inadmissible ». Cela ne l’empêche pas de reconnaître que la femme continue à être défavorisée pour certains postes de responsabilité. Me Ksentini a tenu, toutefois, à préciser que de nombreux textes sont en phase de préparation afin de les mettre en conformité avec la nouvelle Constitution.
Mais de là à parler de parité, « cela constitue un objectif lointain, voire un idéal difficile à atteindre car aucun pays au monde n’a réussi le pari de la parité », estime-t-il. « La femme musulmane a été tellement réprimée et maintenue au second plan qu’il est difficile aujourd’hui de la faire bénéficier de la parité », ajoute-t-il, jugeant, en ce sens, que les obstacles sont plutôt d’ordre social.
En outre, il observe l’existence « de résistances » de la part de partis politiques « attardés ne rêvant que de régression ».
Ces derniers perdront la « partie » car les Algériens dans leur ensemble sont pour le « progrès », conclut-il, soulignant qu’« il faudra commencer à préparer es mentalités à l’égalité et à la parité ». Le secrétaire national chargé des dossiers spécialisés auprès de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Houari Kaddour, affirme, pour sa part, que la Ligue a de tout temps défendu les revendications féminines en dénonçant la violation des droits de la femme et exigeant l’élimination de toute forme de discrimination. Il estime cependant que de nombreuses lois ont été promulguées récemment pour une meilleure protection de la femme.
Ce qui constitue un pas positif qu’il va falloir consolider « par d’autres décisions courageuses notamment à l’égard de la femme divorcée ayant des enfants à sa charge, la femme qui s’adonne à la mendicité, la femme journaliste qui souffre toujours de marginalisation. » La Ligue plaide aussi pour une meilleure promotion des droits de la femme.
Mission qui doit incomber également, selon lui, à la société civile. « L’Algérie menacée de toutes parts a besoin aujourd’hui de toutes ses forces vives femmes et hommes. Sur le plan politique, la femme doit bénéficier de plus de 30% des sièges au niveau des assemblées élues. Sans la femme, la société ne peut pas évoluer convenablement », soutient-il, relevant que les droits de la femme en Algérie sont en progression comparés à certains pays arabes.