À l’issue de la première réunion historique le 22 novembre à Constantine, la commission mixte algéro-française sur la mémoire et la colonisation a élaboré un mémorandum en 11 points, définissant des propositions et une feuille de route.
En effet, les présidents de la commission, Mohamed Lahcen Zighidi pour l’Algérie et Benjamin Stora pour la France, ont paraphé les propositions. Celles-ci seront présentées aux chefs d’État respectifs, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, instigateurs de cette commission.
Donc, les historiens ont convenu de chroniquer les événements de 1830 à 1962. Ils envisagent la création d’une bibliothèque commune, base pour l’édition, numérisation, et traduction des travaux importants, avec éventuelle restitution à l’Algérie. La commission prévoit la création d’un portail numérique à l’image de Gallica, dédié aux sources imprimées, archives, thèmes de recherche, cartographie, et ressources iconographiques. Cela favorisera la diffusion d’informations dans les deux langues.
De plus, un programme d’échange et de coopération entre quinze doctorants et chercheurs algériens et français a été établi. Des missions d’inventaire et d’étude des archives coloniales en France seront menées. Les Algériens se montrent prêts à ouvrir leurs archives laissées par la France après 1962.
Le mémorandum soulève la question de l’identification des cimetières, tombes, et détenus algériens décédés en France au XIXe siècle. La commission projette la numérisation des registres d’état-civil et des cimetières de la période coloniale en Algérie.
Restitution d’Objets Historiques
En outre, parmi les recommandations aux présidents, la commission suggère la restitution à Alger de vingt-neuf rouleaux et treize registres de la période ottomane. Elle propose également la restitution de deux crânes d’Algériens tués au XIXe siècle, avec la poursuite de l’identification de restes humains restituables.
En juillet 2020, la France avait déjà restitué les restes de 24 résistants algériens tués au XIXe siècle, soulignant son désir d’apaiser les mémoires à l’approche du 58e anniversaire de l’indépendance.
Retour d’Objets de l’Émir Abdelkader
Par ailleurs, la commission propose de rendre à Alger des biens d’Abdelkader, dont le sabre, le burnous, et le coran. Ces objets, témoins de la résistance algérienne au XIXe siècle, constituent une part essentielle de l’histoire commune.
La visite du château d’Amboise, où l’émir Abdelkader fut détenu de 1848 à 1852, sera une étape cruciale de la visite présidentielle prévue prochainement. La date de ce déplacement, sujet de tensions, reste à définir.
Après cette première étape à Constantine, la commission d’historiens prévoit de nouvelles réunions en 2024 : en janvier en France et en mars en Algérie, renforçant ainsi la collaboration initiée lors de la réunion historique de Constantine.