La réforme du baccalauréat a pour objectif de réduire la pression sur les candidats, mais aussi les dépenses de l’Etat.
La commission chargée de l’élaboration du programme de la réforme du système d’organisation de l’examen du baccalauréat devrait remettre, aujourd’hui, sa copie au gouvernement. L’examen du baccalauréat dans sa nouvelle forme sera applicable dès la rentrée scolaire de septembre, avec l’objectif de réduire la pression sur les candidats, mais aussi les dépenses de l’Etat. En effet, le projet de la réforme de cet examen national tel que présenté par ses concepteurs fera l’objet de discussions lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres. Même si le contenu du rapport en question n’est pas encore dévoilé au public, quelques points sur quoi portera cette nouvelle réforme dite «globale» du système d’organisation de cette épreuve sont déjà connus.
En quoi consiste la réforme?
La réforme du système d’organisation du baccalauréat consiste en premier lieu en la réduction de la durée de l’examen du baccalauréat et l’organisation des épreuves anticipées dans les matières secondaires. Parmi les points soulevés dans un rapport préparé sur la base des recommandations des participants à la Conférence nationale d’évaluation du système éducatif du mois de juillet 2015. Lors de cette rencontre, les participants ont appelé la tutelle à la réduction du temps d’organisation de cet examen de cinq jours à trois jours ainsi que l’allègement du programme avec une organisation anticipée des examens dans les matières secondaires en deuxième année secondaire.
Mais l’entrave majeurs que rencontrent les experts et les pédagogues chargés de l’élaboration du document final de la réforme réside dans l’identification des matières concernées par les épreuves anticipées. Le ministère de l’Education comme le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ont écarté la possibilité de la suppression de l’éducation islamique, l’histoire-géographie dans le programme de l’examen du baccalauréat, sous prétexte que ces deux matières sont importantes pour la préservation de l’identité nationale et les constantes de la nation. Le projet cher à la ministre de l’Education nationale et aux défenseurs de la réforme, celui de l’instauration du baccalauréat «spécialité» risque-t-il de tomber à l’eau? Pas si sûr. En tout cas, l’intervention du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a apaisé la situation, mais cela ne signifie pas, aux yeux de nombreux observateurs, un quelconque recul face aux islamistes qui ont brandi la menace de la perturbation de l’année scolaire au cas où le gouvernement adopterait cette option. L’Exécutif se trouve à la croisée des chemins, dont celui emprunté est parsemé d’embûches. Sacrifier la réforme en cédant face aux exigences des islamistes ou bien engager une réforme globale du baccalauréat pour répondre aux aspirations des millions d’élèves qui rêvaient d’une formation de qualité. Pour l’instant, le gouvernement a choisi d’éviter les récifs qui perturberaient une rentrée sociale et scolaire. Son but est d’entamer cette rentrée avec calme et sérénité.
Une «réforme économique du bac»
Les islamistes expriment publiquement leur intention d’utiliser la mosquée pour la mobilisation de leurs fidèles si le gouvernement ne cède pas à leurs doléances. Ils jugent nécessaire d’examiner tous les candidats dans l’éducation islamique et l’histoire-géographie. Une situation qui suscite tant d’interrogations et remet en cause la réforme «globale» du système d’organisation du baccalauréat. La question qui se pose est: à quoi servira une réforme du baccalauréat si on continue à insister sur le caractère généraliste de cet examen? Lors de la précédente rencontre, avec ses partenaires sociaux consacrée à l’évaluation du système d’organisation du baccalauréat, les syndicats de l’éducation ont refusé de soutenir une réforme technique du baccalauréat qualifiée par le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) de «réforme économique du baccalauréat», le gouvernement voulant seulement réduire le budget alloué à l’organisation de cet examen national.
La réforme, telle que défendue par le gouvernement, ne peut résoudre l’équation du baccalauréat, en se basant seulement sur la réduction de la durée de l’examen pour des considérations économiques.
Pour ce syndicat, il est temps de penser à engager des réflexions sur une réforme globale du système d’organisation de l’examen du baccalauréat à travers des décisions courageuses permettant de garantir la crédibilité de ce diplôme en favorisant la formation et l’encouragement de l’enseignement des mathématiques. Enfin, pour espérer la réussite de toute réforme du système éducatif, il faut garder l’école en dehors du combat idéologique, en remettant cette institution entre les mains des spécialistes chercheurs et des pédagogues pour hisser le niveau de l’école algérienne et améliorer la qualité de la formation.