ALGER- Des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) intervenant jeudi, au premier jour de l’examen du projet de loi complétant et amendant l’ordonnance relative au crédit et à la monnaie, ont affirmé que la concrétisation des objectifs de l’article 45 bis, objet de l’amendement en cours pour l’activation du financement non conventionnel, était tributaire de la mise en œuvre des réformes économiques et financières structurelles annoncées.
La concrétisation des objectifs de cette loi, objet de l’examen en cours, nécessite des réformes dans le secteur bancaire et la révision des systèmes fiscaux et financiers à même de mobiliser des ressources financières additionnelles permettant le financement de l’économie et la réalisation du développement, ont affirmé des députés lors d’une séance plénière présidée par M. Said Bouhadja, président de l’APN en présence des ministres des Finances, Abderrahmane Raouia, et des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua.
Dans ce contexte, le député RND, Rahmani Khaled a mis l’accent sur l’importance d’une réforme profonde du système bancaire. Un avis partagé par Abdelkader Hadjoudj du parti FLN qui a estimé impératif de garantir un environnement économique propice à la consécration des nouvelles mesures financières sans tomber dans l’inflation.
Pour M. Hadjoudj, le financement non conventionnel est en soi « limité dans le temps », ce qui en fait un une solution positive à même de favoriser le rétablissement des équilibres financiers. Cependant, a-t-il ajouté, ce mécanisme doit prendre en compte des conditions et des dispositifs précis susceptibles de consolider l’investissement productif et d’accompagner les secteurs productifs pour éviter l’aggravation de la crise financière sur le double plan économique et social.
Par ailleurs, le député Lakhdar Benkhellaf de l’Union Ennahda-Adala-Binaa, a émis des appréhensions quant aux conséquences négatives du recours au financement non conventionnel notamment la hausse de l’inflation, l’érosion du pouvoir d’achat et la dépréciation de la monnaie nationale.
« Le mécanisme d’impression de la monnaie est utilisé pour relancer l’économie nationale et augmenter la production lorsque l’économie est en situation de croissance, ce qui n’est pas le cas de notre économie », a-t-il expliqué. Il a ajouté dans ce sens que l’économie nationale souffrait d’un déséquilibre structurel grave qui requiert des réformes profondes et rapides.
Reprochant au gouvernement d’avoir opté pour « la solution de facilité », sans tenir compte de l’avis des experts concernant le projet de loi sur la monnaie et le crédit, il a fustigé également la relance de l’idée d’exploiter le gaz de schiste.
Le député Ali Aissaoui de la même formation politique a plaidé pour une réforme du système économique et financier en termes de « répartition des ressources financières, d’octroi des crédits, d’exonérations fiscales, et diversification de l’économie, de dépenses publiques et de lutte contre la corruption qui touche tous les secteurs ».
Il a expliqué, dans ce contexte, que la masse monétaire supplémentaire induira pour les banques plus de charges notamment en termes de gestion et de contrôle, prônant « une réévaluation des projets qui ont mobilisé de fortes dépenses mais qui n’ont pas d’incidence économique ».
Pour sa part, Mme Naima Djilali Aissi du parti du FLN, a plaidé pour la mise à profit des ressources financières injectées dans le Trésor dans le cadre du mécanisme de financement non conventionnel local, pour des investissements productifs. Elle a appelé également à l’activation de tous les mécanismes liés à organisation et au développement du marché national outre l’élaboration d’une stratégie nationale pour le stockage des produits, notamment agricoles et l’octroi de facilités aux producteurs et artisans afin d’encourager l’exportation de leurs produits.
La député qui a apprécié le recours aux solutions internes, a appelé à la lutte contre la corruption qui entrave l’investissement et à l’activation du système bancaire islamique dans les plus brefs délais.
De son côté, le député Karim Mohamed (TAJ) a estimé que dépasser la conjoncture difficile que traverse le pays exige des réformes économiques globales tout en prenant en considération les besoins de la frange vulnérable de la société.
Il a mis en exergue, dans ce sens, la nécessité de promouvoir les secteurs prioritaires, à l’instar de l’agriculture, du tourisme et de l’artisanat, de créer des zones de libres échanges au niveau des régions frontalières afin d’exporter le produit local vers les pays voisins et d’élargir le réseau des banques aux wilayas déléguées.
Abondant dans le même sens, le député Abdelghani Ouicher du même parti a souligné l’impératif de garantir un accompagnement aux investisseurs dans les domaines de l’agriculture et du tourisme et d’accélérer l’importation des matériaux permettant l’achèvement des projets à l’arrêt en raison du manque de ces matériaux soumis au régime des licences.
Estimant nécessaire de réduire le nombre des sociétés d’import et d’obliger les importateurs à fournir des explications sur leurs activités et à l’ouverture d’unités de production après un délai précis de leur entrée en activité, le même intervenant a prôné également le remplacement graduel de la monnaie nationale sur deux années.
Pour la députée Saliha Mekhref (RND) il faut engager des reformes financières et bancaires en mobilisant tous les moyens pour atteindre les objectifs escomptés et en plaçant l’intérêt suprême du pays au dessus de toute autre considération.
Saluant l’option faite par le gouvernement en matière de finance islamique, elle a appelé à accélérer ces prestations pour obtenir le résultat espéré dans les plus brefs délais.
Par ailleurs, d’autres députés ont estimé nécessaire de destiner la masse monétaire à injecter à l’investissement productif pour atteindre autosuffisance. Dans ce sens, ils ont appelé à la mise en place d’une institution de contrôle et d’évaluation périodique du mécanisme de financement non conventionnel et à la réunion de toutes les conditions de transparence et de crédibilité dans l’exécution.
Les débats se poursuivront jusqu’à samedi avec l’intervention de 137 députés et le vote du texte de loi est prévu dimanche prochain.