L’interdiction, en Algérie, de l’exportation des déchets ferreux et non ferreux, entrée en vigueur depuis 2010, fait perdre au Trésor public environ 700 millions d’euros par an, selon des opérateurs activant dans ce domaine qui estiment le nombre d’emploi perdu à quelques 40.000 postes.
L’Algérie compte actuellement un stock de ferraille d’au moins 1 million de tonnes, alors que les « déchets » de cuivre sont évalués à prés de 7000 tonnes, selon Noureddine Sergoua, ancien président de l’association des exportateurs des déchets ferreux et non ferreux. Ce stock « immense » a été constitué des suites du « gel » des exportations des déchets ferreux et non ferreux, décidé dans le cadre de la loi de finance complémentaire (LFC) de 2009.
La dite mesure a « encouragé le phénomène de la contrebande » qui profite aux économies de la Tunisie et du Maroc, a-t-il souligné, en marge des travaux du congrès constitutif de la Fédération nationale des exportateurs des déchets ferreux et non ferreux, tenu à l’hôtel Safir d’Alger. Selon M. Sergoua, l’économie algérienne « se prive » ainsi de recettes « importantes », vu le prix élevé de ces matières sur le marché international. D’après lui, la ferraille se vend à hauteur de 350 € la tonne tandis qu’un kilogramme de cuivre est cédé à plus de 5 euros.
Le marché algérien n’est pas en mesure d’absorber ses déchets ferreux et non ferreux, indique la même source. Les besoins du complexe sidérurgique d’El-Hadjar à Annaba ne dépassent pas les 400.000 tonnes par an, contre un stock d’un million de tonnes. L’arrêt des exportations a causé, en outre, la perte de quelques 40.000 emplois dans les activités de collecte et de transport des déchets ferreux et non-ferreux.
Par ailleurs, Noureddine Sergoua a exprimé la disponibilité des exportateurs à dialoguer et à travailler en coordination avec les pouvoirs publics. « Nous sommes naturellement d’accord pour réserver nos stocks sur le marché local, mais pour le moment, l’Algérie ne dispose pas d’assez d’unités de transformation », soutien-t-il. L’interdiction de l’exportation devrait intervenir quand l’Algérie « sera prête à les traiter », dit-il encore.
Les exportateurs espèrent se faire entendre par les responsables
Interrogé sur le phénomène du vol des câbles électriques et de téléphone, qui causent d’importants dégâts à Sonelgaz et à Algérie Télécom (AT), M. Sergoua considère que c’est à ces entreprises de « renforcer la surveillance » de leurs installations. Le vol de cuivre est un « phénomène universel » et dans beaucoup de pays les entreprises touchées utilisent des hélicoptères et des caméras pour protéger leur patrimoine.
De son côté, Ahmed Chenine, exportateur basé à Oran, a estimé que l’interdiction de l’exportation des déchets ferreux et non ferreux cause au trésor public quelque 700 millions d’euros de perte par an.
Selon le ministre algérien de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, l’interdiction a pour objectif de constituer des stocks en vue de leur utilisation localement, une fois les complexes sidérurgiques de Bellara, de Boumerdes et d’Oran seront opérationnels. Le CPE (Conseil des participations de l’Etat) a décidé d’accorder un prêt de 4 milliards de DA aux trois entreprises publiques activant dans la récupération des déchets ferreux et non ferreux, avait indiqué le ministre, en novembre dernier.
Les quelques 200 exportateurs de ces déchets, ont choisi de s’affilier à l’aile de l’UGCA (Union nationale des commerçants algériens), présidée par Salah Souilah. Un choix adopté « dans l’espoir de se faire entendre auprès des responsables », a-t-on appris sur place. L’événement a été l’occasion pour des cadres du FLN de faire la promotion de leurs idées politiques, en prévision des législatives de mai prochain.