Une centaine de responsables européens sont attendus à Zagreb pour assister dimanche soir à la fête de l’adhésion.
La Croatie se prépare à intégrer le 1er juillet l’Union européenne mais les festivités prévues pour cette date historique sont assombries par les graves problèmes économiques qu’affronte cette ex-république yougoslave, indépendante depuis 1991. « Cette date sera certainement une des dates clés de l’histoire de la Croatie depuis son indépendance. C’est depuis lors que l’adhésion à l’UE a été présentée comme l’objectif principal du pays », souligne à l’AFP l’historien croate Tvrtko Jakovina.
Une centaine de responsables européens – dont le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le chef de la Commission européenne José Manuel Barroso – sont attendus à Zagreb pour assister dimanche soir à la fête de l’adhésion.
L’absence d’Angela Merkel très commentée
Outre les dirigeants européens, aucune personnalité internationale n’a annoncé sa participation, mais la fête est davantage assombrie par la non participation de la chancelière allemande Angela Merkel, en raison de spéculations de la presse croate autour de son absence.
Car malgré les démentis de Berlin, la presse croate assure que l’absence de Mme Merkel est liée au refus de Zagreb d’extrader un ancien chef du renseignement yougoslave recherché par la justice allemande, en lien avec le meurtre d’un dissident croate sur le territoire allemand en 1983.
Dimanche à Zagreb, la cérémonie principale sera organisée sur la place centrale de la capitale avec la participation d’environ 700 artistes.
Symboliquement, dimanche à minuit, les inscriptions « douanes » seront enlevées d’un poste-frontière avec la Slovénie, la seule autre ex-république yougoslave qui a rejoint l’UE (2004) depuis que l’ancienne fédération est disparue dans une série de guerres dans les années 1990. Dans un même temps, l’enseigne « UE » sera installée à la frontière avec la Serbie, une autre ex-république yougoslave qui espère prochainement ouvrir ses négociations d’adhésion à l’UE.
Des feux d’artifices vont éclairer le ciel de Zagreb et d’autres villes croates, mais l’adhésion à l’UE a perdu de son charme pour la plupart des 4,2 millions d’habitants du pays.
Graves problèmes économiques
Un récent sondage montre qu’un Croate sur sept est favorable à l’organisation d’une fête pour marquer l’intégration du pays dans l’UE.
Les chiffres macroéconomiques croates n’invitent, toutefois, pas à l’optimisme tandis que l’UE est confrontée, elle-même, à la récession de neuf de ses 27 membres et à la crise de la zone euro. Le PIB est de 39% en dessous de la moyenne européenne, seule la Roumanie et la Bulgarie sont derrière la Croatie, selon l’office des statistiques de l’UE. L’économie est en récession depuis 2009 dans ce pays où le taux de chômage est de 21%.
« 300.000 chômeurs, que vont-ils fêter? Est-ce que l’UE a une baguette magique pour faire disparaître tous les problèmes », s’interroge un internaute sur la page officielle du gouvernement croate sur le réseau social Facebook. Tihana Strmecki, ingénieur de 48 ans de Sisak (centre) est optimiste.
« Je suis contente. Nous allons faire partie de l’Europe et j’espère que personne n’attaquera plus jamais notre pays », souligne-t-elle en allusion à la guerre de l’indépendance contre les rebelles serbes soutenus par Belgrade (1991-95).
Mais malgré la crise actuelle, « une Europe unie reste toujours une zone de prospérité et de paix, tout comme un environnement désirable pour un petit pays périphérique comme la Croatie », a fait valoir l’historien Tvrtko Jakovina.