Moins d’un mois après le succès inespéré de son parti AKP aux législatives avec une confortable majorité, le président turc Recep Tayyip Erdogan est revenu à ses pratiques autoritaires.
Leur tort ? Leur appartenance à ce mouvement civil d’inspiration religieuse devenu depuis 2011 la bête noire du président de la République, Tayyip Erdogan.Ainsi, à Manisa, une province du sud-ouest de la Turquie, la police a arrêté des femmes qui travaillaient bénévolement dans une association de bienfaisance au nom de la lutte contre la «structure parallèle». Une énième opération devenue banale depuis la divulgation des affaires de corruption en décembre 2013. Mais l’image a choqué en Turquie. C’est en effet la première fois que le régime d’Erdogan qui se prétend d’inspiration des «frères musulmans» procède à l’arrestation de femmes voilées.
Le paradoxe dans cette affaire est que le l’AKP d’Erdogan est un parti conservateur dont le fondateur, aujourd’hui chef de l’Etat, est connu pour être un grand défenseur de «mes sœurs voilées». Lui qui se plaignait de ce que subissaient ces filles voilées à l’époque où les kémalistes étaient aux commandes de l’Etat, en vient maintenant à recourir au même procédé.
Dans sa croisade contre le mouvement Gulen, Erdogan ne recule devant rien pour le faire taire. Et pour cause, ce sont les juges et les policiers de cette confrérie qui prône un Islam moderniste qui ont révélé les scandales de corruption qui ont touché le proche entourage de l’ex-Premier ministre.
Et la riposte ne s’est pas fait attendre puisque Erdogan a procédé à des purges et autres mutations de tous les juges et policiers d’obédience Gulen et a accusé le mouvement et son chef Fethullah exilé aux Etats-Unis de créer un «Etat dans l’Etat» pour le renverser. Après cette affaire d’arrestation de femmes voilées qui fait un grand bruit en Turquie, les services du Premier ministre ont fini par annoncer qu’une enquête avait été lancée. Pour quel résultat ? On le saura dans quelques jours.