La croissance économique en Algérie devrait ralentir à 2,9 % en 2017 en raison d’un recul des dépenses en travaux publics et des retards dans les réformes du régime fiscal et des subventions, lit-on dans le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques.
L’impact de la baisse du budget d’équipement sur la croissance était prévisible, étant donné que le pays n’a jamais connu des coupes aussi drastiques dans l’investissement public qui, faut-il le souligner, tirait l’essentiel de la croissance de ces 15 dernières années. La loi de finances 2016 a prévu déjà une baisse de 16% des dépenses d’équipement, alors que la loi budgétaire de l’actuel exercice a prévu une coupe de 28%. Une baisse qui a fait craindre pour bon nombre d’économistes l’aggravation du coût social de la crise ; chômage, ralentissement économique…
Ces économistes n’ont cessé de sonner le tocsin quant à l’impératif de ne pas gripper le moteur de l’investissement par le moyen de coupes aussi brutales dans le budget de l’équipement. Ainsi, après un moment de flottement en 2016, la baisse des dépenses d’équipement se fait durement sentir, ramenant la croissance économique à 2,9% seulement. La croissance restera sous haute tension durant les trois prochains exercices, selon les prévisions de la Banque mondiale qui table sur un ralentissement net de la croissance sur la période 2017-2019. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait s’afficher en baisse à 2,9% en 2017, à 2,6% en 2018 et à 2,8% en 2019, selon les mêmes projections. Outre le
ralentissement de la croissance, la baisse du budget d’équipement pourrait lézarder les projets de sortie de crise, tant il est vrai que l’investissement privé n’est pas prêt à prendre le relais de la commande publique.
Quoi qu’il en soit, les économistes estiment qu’il est urgent que le gouvernement favorise l’investissement privé et facilite, par la même, l’acte d’entreprendre pour compenser un tant soit peu la baisse des dépenses d’équipement. Selon la Banque mondiale, le ralentissement de la croissance en Algérie est à mettre également à l’actif des retards accusés en matière de réformes, tant budgétaires que fiscales. Depuis les premiers débats sur la loi de finances 2016, l’Exécutif tentait tant bien que mal de convaincre sur la nécessité de réformer la politique des subventions qui, selon une récente étude de la Banque mondiale, profite beaucoup plus aux catégories aisées qu’aux couches les plus défavorisées de la société. Ces subventions, tous produits confondus, ont pesé pour près de 28 milliards de dollars dans le budget de l’Etat au titre de l’année 2016. D’où la volonté naissante chez le gouvernement de tailler encore dans les subventions notamment aux produits énergétiques qui ont coûté à l’Etat 15,3 milliards de dollars en 2016 malgré les premières mesures incluses dans la loi de finances 2016. Cette loi budgétaire avait, rappelons-le, revu à la hausse les prix d’accès à l’électricité, au gaz et aux carburants, tandis que la loi budgétaire de l’actuel exercice propose, elle, un relèvement
vicieux de la taxe sur l’importation des produits pétroliers aux travers de laquelle les prix des carburants ont connu une nouvelle augmentation. La même loi budgétaire fait le pari de rehausser le rendement de la fiscalité ordinaire par le moyen d’un relèvement de plusieurs taxes, dont la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe sur la consommation intérieure. Pas encore suffisant pour inverser la courbe de croissance et amortir l’impact du choc externe, estiment les analystes de la Banque mondiale. Pourtant, les mesures incluses dans la loi de finances 2016 et celle de l’actuel exercice se révèlent une réponse aux suggestions faites par les deux institutions de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale, qui n’ont cessé d’appeler à des réformes structurelles urgentes pour mettre l’économie à l’abri d’une conséquence plus violente du choc externe. La Banque mondiale estime que le décalage entre les prix effectifs du pétrole et la trajectoire ascendante qui était prévue et l’escalade des conflits posent des risques considérables d’aggravation pour la croissance dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). « La forte instabilité des prix du pétrole pourrait miner les dépenses publiques et les orientations budgétaires », écrit l’institution de Bretton Woods.