La société d’assurance-crédit, Euler Hermes, a abaissé ses prévisions de croissance pour l’Algérie. “La croissance du PIB devrait ralentir à +1% en 2019 (après +1,5% en 2018)” prévoit la direction des études économiques d’Euler Hermes, dans son nouveau bulletin des risques à l’export, publié jeudi dernier.
“Au premier trimestre 2019, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de +1,5% sur 12 mois, soit un niveau inférieur à la croissance démographique pour le huitième trimestre consécutif”, constate le leader mondial de l’assurance-crédit, évoquant des pressions sur les ratios de dette et de liquidité.
Euler Hermès, un des groupes qui assurent spécifiquement les entreprises sur leurs exportations, note, également que “la croissance des exportations n’a guère dépassé 0% au cours des derniers trimestres, ce qui n’a permis aucun rééquilibrage du déficit commercial”. Euler Hermes, pour qui “la négligence n’est pas une option”, estime, par ailleurs, que la faiblesse du climat des affaires (protectionnisme, crise politique) n’autorisait pas le financement par des entrées de capitaux.
“Ainsi, les réserves de changes ont continué à diminuer rapidement, la couverture des importations passant de 16 mois à fin 2018 à un niveau estimé à 12 mois en août 2019, sur la base des flux de capitaux et de la dynamique des échanges récents”, relève l’assureur-crédit.
La paralysie politique actuelle signifie également, ajoute Euler Hermes, “que pratiquement aucun effort d’assainissement budgétaire ne sera consenti, entraînant un déficit budgétaire de -7% du PIB par an, financé par la création monétaire, mais sans éviter un endettement public plus élevé (48% du PIB prévu en 2019)”.
La société d’assurance-crédit Euler Hermes avait, déjà, abaissé, en juillet dernier, ses prévisions de croissance pour l’Algérie à +1,2% en 2019. Une telle croissance économique constituerait le plus faible rythme enregistré depuis 1997. Euler Hermes évoque une baisse des recettes fiscales liées au pétrole (-20% en glissement annuel au premier trimestre 2019), qui a eu pour conséquence un recul de -28% des dépenses publiques d’investissement.
L’assureur-crédit note, aussi, une diminution tendancielle de la production gazière. Le gouvernement, indique Hermes, a annoncé la fin de la politique monétaire non conventionnelle mise en œuvre entre novembre 2017 et janvier 2019. Le montant des titres émis dans le cadre du mécanisme de financement non conventionnel représente près de 30% du PIB. La moitié a été injectée dans l’économie et a entraîné une forte croissance du crédit.
Cependant, l’impact de la “planche à billets” est limité. Selon le leader mondial de l’assurance-crédit, la croissance du PIB par habitant ayant été quasi nulle sur la période. À l’inverse, le financement non conventionnel a provoqué l’augmentation de la dette publique. Cette dernière est passée de 9% du PIB en 2015 à 37% du PIB en 2018. Elle pourrait atteindre 47% du PIB en 2019 prévoit la société d’assurance-crédit, Euler Hermes.
Meziane Rabhi