« La Dernière Reine » : le film algérien qui explore l’histoire ottomane au cinéma en France

« La Dernière Reine » : le film algérien qui explore l’histoire ottomane au cinéma en France

« La Dernière Reine », le film tant attendu de Damien Ounouri et Adila Bendimerad, a enfin fait ses débuts en France le 19 avril. Ce film historique audacieux s’éloigne des thématiques traditionnelles du cinéma algérien, qui se concentrait principalement sur la guerre de Libération et la colonisation française, pour explorer la période moins connue de la domination ottomane en Algérie.

Le film s’intéresse particulièrement au face-à-face entre le pirate Barberousse, interprété par l’impérial Dali Benssalah, qui vient de libérer Alger de la tyrannie des Espagnols, et la femme qui va oser lui tenir tête, la fameuse reine Zaphira, incarnée par Adila Bendimerad, aussi à l’aise devant la caméra que derrière. On y retrouve aussi Nadia Tereszkiewicz, toute juste sortie de Mon crime et des Amandiers.

D’ailleurs, au casting nous pouvons retrouver Imen Noel, Mohamed Tahar Zaoui, Yanis Aouine ou même Nadjia Laaraf.

« La dernière reine » : L’histoire, entre réalisme et fiction

Le scénario d’Adila Bendimerad revisite l’arrivée d’Arroudj Barberousse à Alger en 1516 et la résistance de la reine Zaphira face à l’envahisseur ottoman. Les deux cinéastes proposent un mélange réussi de spectaculaire et d’intime où duels enlevés et dialogues à fleurets mouchetés se marient harmonieusement.

Dans une interview accordée à RFI, Adila Bendimerad explique que les spectateurs non algériens ont été transportés par le côté shakespearien et tragique du film. Les Algériens, quant à eux, ressentent une immense fierté à voir leurs « ancêtres » représentés à l’écran et leur langue parlée. Le film suscite émotion et fierté chez les spectateurs algériens, qui ont longtemps cru ne pas avoir d’histoire.

Afin de garder toute l’authenticité voulue, le film a été tourné à Tlemcen. Adila est revenu sur les raisons de ce choix et difficultés rencontrés. Interrogée par le média algérien TSA, Elle explique que l’obtention des autorisations nécessaires n’avait pas été facile et qu’ils ne voulaient pas céder à la facilité en tournant en studio, comme certains leur avaient suggéré.

Elle ajoute qu’ils avaient dû négocier pendant plusieurs mois pour obtenir le feu vert des autorités. En outre, elle mentionne qu’un autre problème s’était ajouté à cela, à savoir que le colonialisme avait rasé de nombreux sites de l’Algérie médiévale et que la Casbah était à l’abandon. Malgré ces difficultés, ils tenaient à ramasser toutes les miettes pour redonner vie à cette ville. Elle précise : « Nous voulions de l’authenticité et ce n’était que les vrais murs qui allaient le permettre ».

Un succès international : à quand la sortie en Algérie ?

Après avoir charmé la critique lors de sa première projection à la Mostra de Venise, « La Dernière Reine » a connu un grand succès lors de son avant-première parisienne, avec des salles complètes. Les producteurs s’attendent à un engouement similaire pour le reste du programme en France.

Quant au public algérien, il devra patienter encore deux ou trois mois avant de découvrir ce film historique novateur. La sortie en Algérie a été retardée en raison de « lenteurs bureaucratiques », selon Damien Ounouri. Malgré ce délai, les attentes du public local sont élevées et « La Dernière Reine » promet d’être un succès retentissant dans son pays d’origine.

Adila Bendimerad a aussi commenté la controverse entourant le personnage de Zafira, affirmant que la discussion était animée. Elle a précisé avoir discuté avec plusieurs historiens et que leurs opinions divergeaient sur la question de l’existence de Zafira. Certains ont affirmé qu’elle n’avait jamais existé, tandis que d’autres pensent qu’elle a existé, mais pas dans la version communément connue, ou sous ce nom précis.

Toutefois, quel que soit le cas, cette femme est un personnage qui a suscité l’intérêt depuis la fin du 16ème siècle et fait partie du patrimoine immatériel. Adila Bendimerad a tenu à souligner que ce personnage n’a pas été inventé en 2022, mais est ancré dans l’histoire depuis des siècles.