L’action de la Sûreté nationale revêt un caractère purement préventif. La police estime que “chaque sujet sauvé constitue un pas important. D’autres laisseront tomber ces drogues qui empoisonnent leur scolarité et leur vie”.
C’est dans un environnement social complètement déstructuré que la consommation de la drogue dans les établissements scolaires enregistre, chaque année, une croissance inquiétante. Hier, la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a lancé une vaste campagne de sensibilisation en milieu scolaire dans le Grand-Alger afin d’aller vers ces jeunes et moins jeunes, souvent, livrés à leur propre sort.
La consommation de la drogue touche plus de 10% des élèves, que ce soit dans les écoles ou les centres de formation. Face à cette situation, les services de sécurité veulent d’abord comprendre : “On ne peut pas faire de la prévention et de la répression en même temps. Au contraire, on doit comprendre d’abord ces jeunes et ces moins jeunes, gagner leur confiance et tenter de les faire sortir de ce sale milieu qu’est la drogue.
Chaque sujet sauvé constitue pour nous un pas important. Car d’autres suivront et laisseront tomber ces drogues qui empoisonnent leur scolarité et leur vie”, a expliqué Farid Nissas, responsable de la Ceap (cellule d’écoute et de l’action préventive) près la sûreté de daïra de Draria. Hier, au centre de formation professionnelle de Douéra, la DGSN a donné le coup d’envoi de cette vaste opération qui devra toucher, très prochainement, les 13 wilayas déléguées d’Alger, avant de l’élargir aux 48 wilayas du pays.
Les stagiaires rencontrés sur les lieux sont conscients que la consommation de la drogue et des psychotropes est nuisible à leur santé et à leur cursus scolaire et professionnel.
Mais le fait est là : nos élèves s’adonnent de plus en plus aux drogues et les centres de désintoxication sont, eux aussi, submergés, par la forte demande des sujets touchés et qui doivent être pris en charge dans l’urgence.
Et si la police voulait atténuer le fléau en sensibilisant les victimes, notamment en faisant appel aux psychologues et aux imams, il est clair que cela nécessiterait d’autres efforts afin de juguler le danger qui guette les enfants.
En ce sens, il y a lieu de relever que près de 20% des garçons scolarisés et/ou retenus dans les centres de formation professionnelle, et près de 5% des filles, âgées de moins de 16 ans, s’adonnent au kif traité et/ou aux comprimés de psychotropes. “Cette accoutumance débute généralement en milieu scolaire et se prolonge en milieu de la formation professionnelle. Notre rôle est d’arriver à faire parler les sujets, les écouter et les prendre en charge autrement, loin des mesures répressives.
Car, il faut le souligner, les écoliers sont victimes et non des trafiquants de drogue. Ce sont des sujets vulnérables exposés à des rapaces qui leur font croire que la drogue les aiderait à évoluer”, expliquera encore M. Nissas. Mais dans la plupart des situations, il serait impossible de dénoncer les dealers et autres trafiquants qui tournent autour des écoles pour vendre le cannabis et les comprimés de psychotropes.
Durant ces trois dernières années, des directeurs d’école ont fait part de la découverte de drogues et de comprimés de psychotropes à l’intérieur même des toilettes de leurs établissements respectifs.
Résultat : des dizaines d’élèves se sont fait mortellement poignarder, d’autres sauvagement agressés à l’intérieur des salles, alors que des directeurs ont jeté l’éponge suite à l’insécurité qui règne dans l’enceinte de leurs écoles à cause notamment des effets de la consommation de la drogue. “L’objectif de notre cellule est de sensibiliser les élèves et leurs parents aux dangers de la drogue pour éviter des situations fâcheuses, comme la prison”, insistera notre interlocuteur.
F B