Selon une étude menée par des chercheurs français de l’université Paris-Diderot, la domestication du chat a eu lieu à deux reprises.
Le chat (Felis catus) n’a pas été domestiqué une, mais deux fois au cours du temps. C’est la découverte qu’ont fait des chercheurs de l’Institut Jacques-Monod de l’université Paris Diderot aidés par une équipe internationale. « La première vague arrive au moment de la néolithisation de l’Europe, il y a 5000-6000 ans« , indiquent les scientifiques dans le journal du CNRS. La deuxième vague débute durant le 5e siècle. L’animal trouve peu à peu sa place dans les civilisations grecques et romaines et au-delà : des traces révèlent même sa présence dans les ports vikings dont celui de Ralswiek, entre le 7e et le 11e siècle après Jésus-Christ. Pendant plusieurs siècles, ces animaux sont volontiers embarqués dans les navires pour chasser les rongeurs qui abîment le matériel et consomment les vivres. Désormais, ils sont présents sur tous les continents sauf l’Antarctique.
Des spécimens vieux de plusieurs milliers d’années
Les chercheurs ont analysé les restes de 230 chats morts il y a 10.000 ans pour les plus âgés et durant la première moitié du 20e siècle pour les plus jeunes. « Mais seuls six ont donné des résultats. L’ADN des autres était trop fortement dégradé du fait des mauvaises conditions de conservation dans ces régions chaudes et arides« , déplorent les scientifiques. Qu’importe : avec les échantillons disponibles, ils ont malgré tout réussi à suivre le parcours de ces petits félins à travers les âges.
Une rencontre au cœur du Croissant Fertile
Ils ont également confirmé, dans leur étude parue le 19 juin 2017 dans la revue Nature Ecology & Evolution, que les chats qui partagent nos vies ne descendent pas du chat sauvage européen (Felis silvestris silvestris) mais du chat sauvage d’Afrique (Felis silvestris lybica), un animal que l’on retrouve encore en Afrique du Nord et au sud de l’Asie Mineure. « Le chat s’est rapproché de l’homme pour des raisons évidentes d’intérêts convergents : il a été attiré dans les villages par l’afflux de rongeurs que les stocks de grains d’orge et de blé ne manquait pas de provoquer« , explique Eva-Maria Geigl et Thierry Grange, chercheurs spécialistes de paléogénétique à l’Institut Jacques-Monod. C’est donc au Proche-Orient, berceau de l’agriculture, qu’humains et chats ont appris à se connaître.
La couleur du pelage : une preuve irréfutable de la domestication
Mais si les chercheurs ont pu suivre le parcours des félins à travers les époques, il est bien plus difficile de déterminer avec exactitude quand a débuté la domestication. Ce processus « semble ne pas avoir altéré profondément la morphologie, la physiologie, le comportement et l’écologie des chats par rapport à ce qui a pu être observé par exemple chez les chiens« , indique l’étude. Mais demeure cependant un indice, la couleur du pelage : « Le gène qui code pour les tâches, ou marbrures, n’existe que chez le chat domestique, le pelage du chat sauvage étant, lui, exclusivement tigré« , indiquent les chercheurs. « Les caractéristiques physiques commencent à être sélectionnées seulement au 19e siècle pour permettre l’émergence de races fantaisistes« , explique l’étude. Mais, il ne s’agit ici que d’une preuve irréfutable de la domestication qui ne remet pas en cause les résultats précédemment présentés. Les humains ont juste pris à cœur le physique de leur matou bien après le début du compagnonnage.