La famille de l’ancien patron de la Sécurité militaire revient au devant de la scène pour réitérer sa demande de procès des assassins de Kasdi Merbah et des quatre personnes qui étaient tombés avec lui dans un embuscade en cet été de 1993.
Kasdi Merbah est tombé dans une embuscade tendue par un groupe armé, le 21 août 1993, à Bordj El Bahri (banlieue d’Alger), en compagnie de son fils cadet Hakim (25 ans), son chauffeur Hachemi Ait Mekidèche (30 ans), son frère Abdelaziz (42 ans) et son garde du corps Abdelaziz Nasri. Ils ont été assassinés « par un commando de tueurs suréquipés et surentraînés, ne laissant aucun doute sur sa véritable identité et sa nature exclusivement politique », précise la famille Merbah dans un communiqué.
La famille de Kasdi Merbah ne cesse depuis pas mal d’années de demander un nouveau procès, car, estime-t-elle, écrit la famille Khalef dans un communiqué adressé à notre rédaction.
Pour la famille de l’ancien président du Majd, « l’enquête qui a été bâclée, voire carrément viciée et détournée de son véritable but », la famille de Kasdi Merbah « veut une enquête judiciaire». Aussi le procès qui a eu lieu, estime la famille, «visait essentiellement à évacuer une affaire jugée encombrante et surtout très embarrassante ».
Fidèle et infatigable, comme à chaque date anniversaire de cet assassinat, la famille réitère sa revendication sans fléchir. Et d’avertir : « Nous ne cessons de renouveler en toute conscience et lucidité nos revendications d’une enquête judiciaire sérieuse, à même de jeter la lumière sur cette infamie et confondre les véritables auteurs et commanditaires de ce forfait crapuleux et ignoble »,
« Les dirigeants qui ont eu à exercer des responsabilités durant ces deux dernières décennies, à quelque niveau que ce soit, doivent savoir qu’ils peuvent continuer à faire la sourde oreille, mais que nous ne renoncerons jamais à notre droit imprescriptible de revendiquer la vérité sur ce qui s’est réellement passé ».
La famille de Kasdi Merbah ne veut pas troquer la mémoire des assassinés et s’insurge contre « le concept éhonté et immoral énoncé par de pseudo-intellectuels proches du pouvoir, selon lequel ‘‘la raison d’Etat doit prendre le pas sur la justice due à tout un chacun’’, traduit une dérive extrêmement dangereuse, servant des intérêts personnels étroits et menant à des abus inqualifiables ».
« Des langues se sont déliées et d’anciens officiers ont nommément accusé de hauts responsables encore en vie, dont certains sont toujours en exercice », se félicite la famille avant d’avouer sa sidération devant « le mutisme ayant fait écho à ces accusations gravissimes ».
Puis prévient : « Que ceux qui ont manigancé pour échapper à la justice et à la tenue d’un procès public juste et équitable cessent de se faire des illusions et qu’ils sachent surtout qu’aucune amnistie ne saurait les absoudre de leurs crimes. C’est une question de temps »,
L’ancien patron de la très redoutable Sécurité militaire n’était plus au pouvoir. Depuis qu’il a quitté la tête du gouvernement, il s’est lancé dans la création d’un parti, le Majd. Homme du sérail, son activisme politique gênait beaucoup. Dans une tribune parue en janvier 2016, Abderrezak Laïbi, le neveu de Kasdi Merbah interpelait Khaled Nezzar (ancien membre du HCE).
Avant de démonter certaines déclarations de l’ancien ministre de la Défense, Abderrazak Laibi ajoute : « Nezzar ment encore une fois en prétendant que les tueurs avaient récupéré sa veste, un cartable et son arme de poing. Or, tout cela est faux. Merbah ne portait pas de veste pour la simple raison qu’on était au mois d’août et qu’il était vêtu d’une simple chemise d’été à manches courtes. Il ne portait pas de cartable. Une petite sacoche lui servait à ranger son Smith & Wesson ».
Et de rappeler quelques éléments sur l’embuscade qui a coûté la vie à Merbah et ses quatre proches : « De plus, j’ai été le dernier à lui avoir parlé encore vivant (Kasdi Merbah, ndlr) et le premier à l’avoir vu mort, quelque minutes plus tard, alors que tout le secteur avait été déserté par la foule. Le choix de la date du changement de gouvernement, nommant celui qui voulait faire changer de camp à la peur, n’est pas anodin. Il coïncide jour pour jour avec cet attentat spectaculaire commis par des tueurs professionnels surarmés dont certains portaient des UZI, comme pour créer une diversion et un écran de fumée. »