La peste des petits ruminants menace de décimer des races entières et met la filière dans une situation de grande précarité. Le constat est du vice-président de la Fédération nationale des éleveurs. S’il ne livre pas son propre bilan, il considère que le seuil des 2000 têtes déjà perdues est largement dépassé.
Nawal Imès- Alger (Le Soir) – Face à l’immensité des territoires, à la spécificité de l’activité mais surtout à la prédominance de l’informel, la Fédération nationale des éleveurs affirme ne pas pouvoir pour l’heure faire le point sur les dégâts causés par la peste des petits ruminants ou la fièvre aphteuse. Son vice-président lance néanmoins un SOS au nom de ses adhérents afin que la crise soit rapidement circonscrite. Le risque est, dit-il, énorme : des races entières sont menacées de disparaître si rien n’est fait.
Pour Mezrouna Belkacem , il ne s’agit ni plus ni moins que d’une catastrophe qui menace l’avenir de la filière. Si les statistiques du ministère de l’Agriculture évoquent pas moins de 2 000 bêtes perdues, l’invité du forum du Carrefour d’Algérie estime qu’il est difficile de faire un recensement exhaustif mais il dit être certain que ce chiffre ne représente que les pertes enregistrées au niveau d’un seul «douar». Le risque, dit-il, c’est que la perte massif du cheptel n’entraîne une réaction en chaîne avec des conséquences sur l’ensemble des intervenants y compris les transporteurs et les vendeurs d’aliment de bétail qui voient ainsi leurs activités baisser de manière drastique. Toute la difficulté, explique l’intervenant, réside dans la méconnaissance de la maladie.
C’est la première fois que les éleveurs font face à la peste du petit rongeur et ne savent pas par quels moyens ils peuvent en limiter la contagion, dit-il, sans compter que même les vétérinaires n’ont probablement jamais rencontré de cas auparavant. Selon son analyse, la peste des petits rongeurs aurait pu être introduite par des mouvements non contrôlés du cheptel au niveau des frontières. Interrogé au sujet de la décision de fermeture des marchés aux bestiaux, Mezrouna Belkacem estime qu’il s’agit là d’une mesure salutaire mais qu’elle n’était pas sans conséquence sur les éleveurs.
Ces derniers, dit-il, réclame plus de soutien, notamment en matière d’approvisionnement en aliment de bétail. Le vice-président de la Fédération des éleveurs appelle à augmenter les quotas car, dit-il, actuellement beaucoup de troupeaux sont en quarantaine et ne peuvent de ce fait paître. Il appelle également le ministère de l’Agriculture à accélérer la procédure d’acquisition des vaccins qui, déplore-t-il, accuse un retard tout en s’interrogeant sur les modalités d’indemnisation des éleveurs touchés. Pourquoi les éleveurs ne souscrivent-ils pas à une assurance ? Le vice-président de ladite fédération explique que les assurances ne couvrent pas tous les sinistres et exigent très souvent que l’état de catastrophe naturelle soit déclaré pour indemniser les assurés sans compter, ajoute-t-il, que certaines pathologies ne sont pas prises en compte.
Interrogé sur l’impact de cette épidémie sur la disponibilité du mouton durant les fêtes de l’Aïd, il dira qu’il sera quasi nul car la peste frappe des moutons nés en novembre et généralement non proposés à la vente pour les fêtes car pas encore assez grands.
N. I.