Rush sur les boucheries à la veille du 1er jour de Ramadhan, En voyant ces citoyens prenant d’assaut les boucheries la veille du premier jour, on a l’impression que beaucoup d’Algériens ignorent ce que signifie le mois de Ramadhan.
Comme s’ils avaient eu vent d’une information faisant état d’une pénurie, des centaines de citoyens des quartiers de Ben Omar ont pris d’assaut les boucheries de la cité El Bahia pour faire leur plein de viande. Celles qui font face à la mosquée du coin sont débordées et ont du mal à contenir cette marée humaine qui grossit au fil des minutes. Au point où certains clients, découragés à la vue de tous ces gens faisant le pied de grue devant les étals, ont été contraints de se retirer, en attendant que la situation se décante.Pourtant, on ne peut pas affirmer que les prix affichés sont donnés.
La viande d’agneau, notamment, est proposée à 1070 DA le kg. Même la viande de mouton qui est de qualité moindre, est chère et n’est pas à la portée des petites bourses. Chaque année, le ministre du Commerce et celui de l’Agriculture et du Développement rural promettent aux Algériens un Ramadhan meilleur, en précisant que la viande sera disponible à gogo et que les prix seront plus attractifs. Selon Kamel Chadi, président du directoire de la Société de gestion des participations de l’Etat, Proda, celle-ci a importé 200 taurillons en attendant l’arrivée des 1299 autres, prévue à l’occasion.
Pour les commercialiser, la Société a prévu l’ouverture de 430 points de vente à travers le territoire national, dont 30, rien que pour la région Sud. D’importantes quantités de viandes congelées importées sont également prévues pour répondre à la très nombreuse demande, particulièrement les petites bourses qui n’ont pas les moyens de se payer de la viande fraîche à plus de 1000 DA le kg. A en croire le premier responsable de Proda, «les stocks de viandes rouges et blanches congelées sont plus importants par rapport à l’année dernière». Il a souligné, en outre, que le prix du kg de viande conditionnée ou congelée ne dépassera pas les 650 DA sur le marché.
Concernant le poulet congelé, M.Kamel Chadi a indiqué que «depuis le 25 juin dernier, d’importantes quantités de ce produit ont été mises sur le marché à raison de 230 DA le kg.» Le tout est de savoir, maintenant, si les vendeurs de volailles vont respecter les prix et ne seront pas tentés, comme ils l’ont fait l’année dernière, de les majorer pour essayer de gagner un peu plus. D’ailleurs, que deviennent les mesures prises par le gouvernement qui avait décidé d’exonérer les aviculteurs de certaines taxes pour une durée de deux ans afin de maintenir le prix du poulet autour de 250 dinars le kg? Après une légère baisse durant le mois de mai, où il s’était vendu à 210 DA le kg, le prix du poulet a subitement augmenté, atteignant à partir de la seconde moitié de juin plus de 300 DA sur le marché. En certains endroits, il a atteint 390 DA le kg! Pour essayer de se justifier, les bouchers affirment que c’est du poulet vidé.
Or, tout le monde sait qu’il s’agit là d’un subterfuge, voire d’une arnaque pour tromper les clients en leur faisant croire que le poulet vidé est plus cher et qu’ils doivent payer ce service s’ils veulent l’acheter. Lors d’une rencontre avec les producteurs, programmée il y a trois semaines par l’Union générale des commerçants et artisans algériens, un éleveur a déclaré que la vente de poulet plein est interdite par la loi et que les commerçants qui l’enfreignent s’exposent à des poursuites. Un autre les a carrément accusés de tricheurs et de suceurs de sang qui utilisent tous les moyens pour dépouiller le client. Pourtant, on ne peut pas dire que les poulaillers manquent. Poussant comme des champignons, ces commerces ont changé la vie de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs à travers le pays.
Beaucoup reconnaissent qu’ils se sont fait une place au soleil grâce à l’élevage de poulets. Outre la suppression de certaines taxes, l’Etat accorde de nombreuses aides aux aviculteurs pour les stimuler et les pousser à augmenter leur production. Reste à organiser la filière et sévir contre les fraudeurs qui gravitent autour et la freinent dans son élan. De même qu’il accorde une attention particulière à l’élevage bovin. Grâce aux contrats de coopération qu’elle a lancés avec certains pays réputés dans l’élevage et la production de lait et les travaux de réalisation de trois complexes d’abattage dans les Hauts-Plateaux, l’Algérie est bien partie pour réduire sa dépendance et satisfaire la demande en matière de viandes rouges.
Selon les spécialistes, le cheptel ovin avoisinerait les 17 millions de têtes et que pour mettre fin à la spéculation, particulièrement durant le mois sacré de Ramadhan, il devrait dépasser les 30 millions de têtes.