Les tensions entre Alger et Paris atteignent leur paroxysme. Le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau poursuit son ascension politique. Aujourd’hui, il a annoncé la préparation d’une liste de ressortissants algériens considérés comme dangereux. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de « riposte graduée » visant à obtenir leur expulsion vers l’Algérie.
La liste en cours d’élaboration comprend plusieurs centaines d’individus présentant différents niveaux de dangerosité. Sont particulièrement ciblées les personnes ayant troublé l’ordre public ou figurant dans le fichier des individus radicalisés pour terrorisme.
Retailleau a qualifié la réponse d’Alger d' »épreuve de vérité ». La présentation de cette liste aux autorités algériennes représente une escalade significative dans la politique sécuritaire française et met en lumière la volonté du gouvernement de durcir sa position sur la question des expulsions.
« Ce que je souhaite, c’est que l’Algérie, encore une fois pour garantir la sécurité des Français, reprenne ses ressortissants, conformément au droit international », a-t-il souligné. « L’Algérie ne respecte pas, de manière unilatérale, les accords internationaux » : la Convention internationale de Chicago de 1944 et surtout l’accord conclu avec la France en 1994, selon lequel « un ressortissant algérien doit être accepté par l’Algérie ».
Paris menace Alger de « riposte » sur la question migratoire
Dans un entretien accordé au Figaro dimanche 2 mars, le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau durcit le ton face à l’Algérie sur la question migratoire. Il affirme vouloir « assumer un rapport de force » entre Paris et Alger, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes.
Au cœur de ces tensions, plusieurs points de friction : la détention « arbitraire » de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en Algérie et le refus d’Alger de reprendre l’un de ses ressortissants sous le coup d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Ce dernier a par la suite commis une attaque au couteau à Mulhouse, causant un mort et sept blessés.
Face à cette situation, le ministre adopte une position ferme : si l’Algérie persiste à « ne pas respecter ses engagements » et à « multiplier les provocations », elle s’expose à des mesures de rétorsion de la part de la France. Cette déclaration marque une nouvelle escalade dans les relations déjà tendues entre les deux pays sur la question migratoire.
Cette prise de position intervient dans un contexte plus large de durcissement de la politique migratoire française et souligne la volonté du gouvernement d’obtenir une meilleure coopération de la part des pays d’origine dans la gestion des flux migratoires.
L’APS répond encore à Retailleau
Face à l’ascension politique menée par Bruno Retailleau, l’APS a réagi. Elle a fait une autre réponse au ministre de l’Intérieur français.
« Retailleau n’a aucun projet politique, tout comme il n’a aucune idée de la France et aucune vision pour elle. Sauf celle du reniement et du rabaissement. Ses calculs sont ceux d’un boutiquier dont l’horizon indépassable est celui des sondages dont il scrute avidement les mouvements et les promesses politiques d’avenir auxquelles il est le seul à croire », lit-on, dans un article publié dimanche 2 mars.
« Ainsi, quand le Président Macron veut apaiser, M. Retailleau alimente l’escalade. Cela était le cas hier lorsque l’épouse d’un Ambassadeur d’Algérie en fonction a fait l’objet d’un empêchement d’accès au territoire français, alors même qu’elle satisfaisait à toutes les conditions d’assurance, d’hébergement et de ressources financières », ajoute le média étatique.
L’APS assure que l’Algérie « ne restera pas sans réponse » face à cette provocation. Elle souligne que ce refoulement d’une citoyenne algérienne sur ordre de Bruno Retailleau « renseigne surtout sur les extrémités de la hargne, de la haine et du rejet que son auteur peut encore atteindre ».
Et de conclure : « Le plan de carrière de M. Retailleau semble bien valoir toutes ces indignités. Grand bien lui fasse. L’Algérie, quant à elle, saura relever ce qu’il croit être des défis qu’il lui lance, alors qu’ils ne sont que des marques d’une déchéance qu’il inflige, consciemment ou inconsciemment, à la France elle-même ».