Ce vendredi, les autorités françaises ont annoncé l’arrêt des exportations de blé du pays à la fin avril 2023. Une nouvelle qui a secoué secteur économique français, ouvrant le débat entre producteurs céréaliers et pouvoirs publics. La polémique ainsi crée a fait stopper provisoirement la prise à effet de la décision.
Sachant qu’une grosse partie du blé consommé en Algérie est importée des firmes françaises, une telle réforme aura-t-elle son impact sur la sécurité alimentaire de notre pays ? Si oui, quelles sont les alternatives envisageables pour l’Algérie à l’heure actuelle ?
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La France, 1er fournisseur de l’Algérie en blé, veut se retirer
Pour des raisons de sécurité sanitaire, la France ne devait plus vendre son blé aux pays en dehors de l’Union européenne après le 25 avril prochain. Mais c’était sans compter la réaction fulminante des acteurs du secteur, privés de leur source de revenu principale.
C’est l’Anses (autorité sanitaire française compétente) qui est à l’origine de cette réforme. En effet, le 26 octobre dernier, l’organisme a décidé d’interdire l’usage d’un insecticide, la phosphine, dans les cales des bateaux céréaliers pour ses effets néfastes sur la santé. Ce traitement neutralise les insectes et les larves contenus autour et à l’intérieur des grains et est exigé dans le cahier des charges de nombreux importateurs, dont l’Algérie.
La décision est dramatique pour les pays du bassin méditerranéen qui ne peuvent techniquement pas cultiver de céréales et qui dépendent de la France, comme l’Algérie.
Il faut dezoomer pour voir les conséquences terribles de la décision
— Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) April 7, 2023
Restreindre l’usage de la phosphine revient à ne pas se conformer aux conditions des pays d’importation, et donc, à perdre des marchés. Algérie, Maroc, mais aussi, Égypte, la France risque de renoncer à beaucoup de ses clients en approuvant cette loi.
Au-delà de handicaper les petits producteurs de blé, cette réforme met en péril la sécurité alimentaire de certains pays comptant sur l’importation, dont l’Algérie. Si cette réforme est finalement approuvée, notre pays se retrouvera privé de sa première source de blé tendre. Des solutions d’urgence devront ainsi être enclenchées pour répondre aux besoins alimentaires du pays. Pénurie, hausse des prix et spéculation seront alors à prévoir…
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Décision contestée, polémique, incertitudes… Quel avenir pour l’Algérie dans tout ça ?
Depuis l’annonce de l’Anses, le torchon brûle entre les acteurs du secteur en France. La prise à effet de la réforme était prévue le 25 avril prochain, mais il n’en sera rien pour cause de feud entre les deux parties. Si l’autorité sanitaire insiste sur sa décision, le Gouvernement français et les experts économiques, eux, n’approuvent pas. Le pays est donc revenu sur sa décision pour le moment.
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Situation de doute qui laisse beaucoup de pays dans l’instabilité. À l’aube d’une crise économique imminente, l’Algérie dispose d’autres options. Dans le cas où la France stopperait effectivement les exportations de blé, le choix de l’Algérie devrait se tourner vers la Russie. Premier exportateur de blé dans le monde et remplissant toutes les conditions sanitaires exigées, la Russie est la candidate idéale pour remplacer la France.
Ce sera également l’occasion de booster la production locale, estimée à 16 quintaux/hectares en 2023, en vue de s’assurer l’autosuffisance alimentaire.