Le coup de gueule d’Obama est aussi une salve contre les prétentions de Poutine à faire réoccuper sa place à son pays dans la géopolitique régionale, euro-asiatique, et même globale. Malgré l’émergence de nouvelles puissances dont la Chine, bien sûr.
Les relations entre les Etats-Unis et la Russie sont dans un nouvel épisode de tension. Après l’attribution de l’asile à Snowden, l’informaticien de la CIA qui a révélé l’ampleur mondiale des “oreilles de l’oncle Sam”, le président américain a annulé son sommet avec son homologue russe, en marge du G20 en automne à Saint- Petersburg. Obama est accusé par son homologue Poutine de “poser les bases d’une nouvelle guerre froide”.
Vue de près, l’affaire Snowden ne serait qu’un prétexte, la goutte qui fait déborder le vase dans une relation déjà tendue entre les deux Grands du siècle dernier. Cette affaire est du pain béni pour le président noir américain en difficulté au plan de politique intérieure américaine. Bien que réélu pour un second mandat, Obama éprouve toutes les difficultés à faire avancer ses agendas économiques et sociaux, mis à mal par un Congrès aux mains des républicains, lesquels farouchement hostiles cherchent à le faire tomber.
D’ailleurs, ils le guettent même dans le domaine de politique étrangère où ils ne laissent rien passer pas même la nomination de ses collaborateurs. Pour de nombreux spécialistes, son escalade sur les relations bilatérales avec la Russie serait à inscrire également sous l’angle des pressions de la part des républicains toujours en chiens de faïence avec leur ex-rival de la guerre froide. En réalité, les relations entre les deux pays n’ont jamais été au beau fixe, hormis l’intermède Eltsine au Kremlin qui a assuré la décomposition de son pays.
Le coup de gueule d’Obama est aussi une salve contre les prétentions de Poutine à faire réoccuper sa place à son pays dans la géopolitique régionale (euro- asiatique) et même globale. Malgré l’émergence de nouvelles puissances dont la Chine, bien sûr. Les Etats-Unis n’ont-ils énormément de mal à trouver de nouveaux outils pour exercer leur puissance diplomatique dans la crise syrienne ou contre l’Iran ? Par ailleurs et jusqu’à présent, le même Obama n’est toujours pas parvenu à faire fléchir même d’un centimètre Poutine dans les domaines chers aux démocrates comme les droits de l’homme, la démocratie, la gouvernance.
Au contraire, depuis le retour de Poutine aux affaires, les militants russes des droits de l’homme n’ont pas arrêté de manifester contre sa batterie de lois liberticides : restriction du droit aux rassemblements publics, élargissement de la définition de trahison d’Etat, mise au pas des ONG, condamnations des relations sexuelles non traditionnelles. Sur le plan de politique internationale, le Kremlin qui se défend de chercher la reconstitution de deux blocs post Deuxième Guerre mondiale, affirme œuvrer pour organiser un monde qui serait réellement multipolaire, les Etats-Unis ne seraient plus la seule puissance mondiale, comme après la chute de l’Union soviétique.