Il y a environ un an, le gouvernement britannique affectait un attaché militaire à son ambassade à Alger.
Jeudi dernier, un bâtiment de guerre de la Royal Navy jetait l’ancre au port de Plymouth, au sud de l’Angleterre, après une expédition navale de plusieurs mois, marquée par une escale remarquée en Algérie.
Depuis quelques semaines, une information persistante circule autour de la vente à l’ANP d’hélicoptères militaires de fabrication britannique.
“Nous voulons vendre des armes à l’Algérie”, révélait Andrew Henderson, ambassadeur du Royaume-Uni à Alger, en mars dernier, en marge d’une rencontre à Londres, avec des représentants de la communauté algérienne.
À la fin de ce mois – la date avancée est le 26 octobre –, le ministre de la Défense se rendra à Alger pour une visite de deux jours.
Dans son agenda figurent des rencontres avec de hauts responsables de l’ANP pour faire le point sur la coopération militaire entre les deux pays.
Le contrat d’hélicoptères sera-t-il à l’ordre du jour des discussions ? Selon le quotidien The Times, sa signature est imminente.
Le journal cite des sources au niveau du ministère britannique de la Défense qui évoquent une transaction d’un montant de 5 milliards de dollars.
Le deal porterait sur la livraison à l’ANP de 80 avions militaires, dont 40 hélicoptères de type Merlin et qui seront fabriqués dans les usines de Somerset, en Angleterre.
Selon les mêmes sources, cette commande très importante permettra la création de 4 000 emplois dans la région.
Depuis 2004, les usines appartiennent à l’équipementier Augusta Westland, une filiale du groupe italien Finmeccanica.
Si le deal se confirme, la firme italo-britannique surclassera la France et la Russie, en leur qualité de pourvoyeurs traditionnels d’armements pour l’ANP. Avec ces deux pays, la confiance ne semble plus de mise.
Il y a eu cette affaire de Mig russes défectueux. Paris, de son côté, tardait à satisfaire une commande pour l’achat de 6 frégates.
Entre les deux pays, la multiplication des contentieux nuit à toute sorte de coopération. Entre-temps, Londres avance ses pions.
Depuis la visite du président Bouteflika au Royaume- Uni en juillet 2006, les relations entre les deux pays ressemblent à une lune de miel sans fin.
Le 9 décembre prochain, Abdelkader Messahel sera l’hôte de ses homologues anglais, à l’occasion de la tenue de la quatrième session du Comité mixte de coopération bilatérale.
Cette instance, mise en place il y a trois ans, a pour objectif d’instaurer un partenariat privilégié.
Au niveau économique, les ministres qui se sont succédé à la tête du département britannique du Commerce et de l’Investissement considèrent le marché algérien comme très attractif, même si en de nombreuses occasions, des réserves ont été exprimées sur l’existence d’entraves d’ordre législatif et bureaucratique à l’investissement étranger.
La présence économique britannique en Algérie est prédominante dans le secteur des hydrocarbures. L’Algérie figure actuellement parmi les fournisseurs principaux de gaz au Royaume-Uni.
Selon The Times, 50% de la consommation britannique durant cet hiver proviendra de pays comme l’Algérie et la Norvège.
Le but étant de prévenir les chantages récurrents de Moscou de fermer les vannes. Au chapitre sécuritaire, la coopération dans la lutte antiterroriste tourne la page de plusieurs années d’incompréhension.
La signature de la convention d’extradition permet à Londres aujourd’hui de se débarrasser de terroristes algériens.
En février dernier, la Haute Cour avalisait la décision du Home Office – ministère de l’Intérieur – de transférer quatre individus en Algérie.
13 y sont déjà retournés. Dans sa guerre contre les réseaux d’Al-Qaïda, Londres considère Alger comme un allié.
“Nous constatons un réel engagement de l’Algérie à lutter contre le terrorisme”, observait Bill Rammel, exministre d’État chargé des Affaires étrangères et du Commonwealth, il y a un an, dans une interview à Liberté.
L’été dernier, l’ANP devait prendre part à une opération des forces spéciales britanniques au nord du Mali pour libérer l’otage Edwin Dyer, qui sera plus tard exécuté par ses ravisseurs d’Al Qaïda au Maghreb.
L’échange d’informations est sans doute le volet le plus important de la collaboration sécuritaire très dense entre Londres et Alger.
Très prochainement – la date de son séjour n’est pas encore précisée –, Alan Johnson, responsable du Home Office sera l’hôte de son homologue, Yazid Zerhouni, pour examiner avec lui les dossiers de la coopération.
Outre le terrorisme, la gestion des flux migratoires clandestins sera au menu des entretiens.
SAMIA LOKMANE-KHELIL