La grève des cheminots prend désormais une dimension nationale et la direction de la SNTF refuse toujours d’engager la révision du tableau des filières, en l’absence d’un partenaire social légal. L’UGTA d’Abdelmadjid Sidi-Saïd, qui n’a pas renouvelé le bureau de la Fédération des cheminots depuis janvier 2015, prend tout un secteur en otage.
Pour son deuxième jour, la grève des cheminots de la région d’Alger s’est propagée à l’est et à l’ouest du pays avec, toutefois, des taux de suivi variables. Selon le chef de la section syndicale des cheminots d’Alger, Abdelhak Boumansour, la mobilisation a été observée à 100% au niveau de la capitale, à Béjaïa et à Oran. “Aucun train n’a quitté le quai dans ces régions”, affirme-t-il. Quant à Constantine, le taux de suivi a été de 50% et à Annaba entre 20 et 30%, toujours selon Abdelhak Boumansour.
Ce dernier fait savoir que “la grève se poursuivra aujourd’hui mardi, et ce, malgré les intimidations et les menaces”. D’après lui, “des convocations du tribunal de Sidi M’hamed ont été adressées individuellement à certains grévistes”. Pour rappel, les travailleurs de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF), avaient débrayé il y a trois mois, en mars dernier, pour exiger la révision du tableau des filières organisant le droit à la promotion et à l’évolution de carrière.
Mais comme la Fédération des cheminots (UGTA), a été gelée en janvier 2015, la direction de la SNTF n’a pas encore trouvé un partenaire social légal pour la signature d’un protocole d’accord. Et ce n’est pas l’unique raison qui a encore poussé à la grève cette fois-ci. Selon Abdelhak Boumansour, “une réunion tenue le mercredi 10 juin entre le ministre des Transports, le P-DG de la SNTF et des syndicalistes non représentatifs” est aussi à l’origine du conflit.
Le P-DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah, avait expliqué ce dimanche dans les colonnes de Liberté que “le problème est de nature syndico-syndicale et que nous sommes prêts à mettre le tableau des filières à l’étude dès que nous aurons un vis-à-vis légal”. Sur les syndicalistes contestés par la base, il avait aussi affirmé qu’“en tant que direction de la SNTF, nous n’avons associé aucun syndicaliste dans la réunion avec le ministre des Transports”.
Il avait également ajouté que “comme la réunion était importante et que le plan de développement de la société devait être abordé, nous avons écrit à la Centrale syndicale de l’UGTA pour désigner des représentants pour les besoins de la réunion. Une liste de sept syndicalistes nous a été transmise. Une liste qui a été contestée au lendemain de la réunion”.
Des propos démentis par Abdelhak Boumansour qui persiste à penser que les syndicalistes contestés ont été sélectionnés par le P-DG. “Ce sont ses amis et il préfère les avoir comme vis-à-vis pour faire ce qu’il veut”, dénonce-t-il. Interrogé sur la Fédération nationale des cheminots qui reste gelée depuis janvier 2015, Abdelhak Boumansour fait savoir qu’ils ont saisi plusieurs fois le SG de la Centrale syndicale de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, pour organiser le vote d’un nouveau bureau fédéral, mais aucune suite n’a été donnée à leurs doléances.
En attendant, le secteur des chemins de fer et ses usagers restent pris en otage.
M.M.