La hausse des tarifs de l’électricité : inévitable

La hausse des tarifs de l’électricité : inévitable

Depuis qu’un plan d’urgence a été mis en place en 2009, la Sonelgaz, la Compagnie nationale spécialisée dans la production et la distribution d’électricité, a réussi à rééquilibrer la balance de l’offre et de la demande en énergie qui s’imposait à elle.

Cependant, bien que les efforts dans ce domaine aient été gargantuesques, la Sonelgaz infligeait encore au consommateur lambda, il n’y a pas si longtemps, des heures de coupures et de délestages, pour le moins contraignants. Aujourd’hui, cette situation semble révolue, ceci notamment à la faveur d’une production de 2000 Mégawatts supplémentaires dont se revendique l’entreprise publique.

En effet, le plan précité et appliqué à partir de 2009, a non seulement permis la réalisation de 6 nouvelles centrales à Gaz, mais a également généré à la Compagnie nationale d’électricité des moyens suff isants pour répondre aux besoins du marché national, tout cela grâce à une enveloppe budgétaire qui a culminé autour de 2 milliards de Dollars.

Mieux, et selon les propres dires de M.Bouterfa PDG de la Sonelgaz qui était hier, sur les ondes de la Radio chaîne III, l’Entreprise publique se paie parfois même le luxe d’exporter son surplus d’électricité, lorsque la demande (faible) du marché local le permet.

«Le système permet parfois et pendant des heures de la journée où la demande interne est faible, d’exporter», a-t-il indiqué à ce sujet. M.Bouterfa a notamment cité le Maroc comme client apparemment régulier.

Cependant, et l’effet d’annonce passée, M.Bouterfa a tenu à souligner les véritables objectifs du plan d’urgence, pour ainsi dire les recadrer : «nous investissons d’abord pour la demande nationale. Notre objectif n’est pas d’exporter », a-t-il enchaîné toujours sur le même sujet.

La Sonelgaz, en plus de son plan d’urgence, a bénéf icié d’un plan d’assainissement qui a abouti au rachat par le Trésor de son découvert de 200 milliards de Dinars en plus des certaines facilités accordées dans le cadre de processus de f inancements. Un autre plan d’assainissement pourrait, par ailleurs, être mis en place dans 3 ou 4 ans.

LA HAUSSE DES TARIFS : UN PASSAGE OBLIGÉ

Ceci dit, M.Bouterfa, conscient que cette situation ne peut pas s’inscrire dans la durée, brandit, d’ors et déjà, l’ultime et impopulaire solution de la hausse des tarifs, pour remédier au statut quo. «Il faut travailler sur la durée et aller vers une augmentation des tarifs. Une entreprise doit équilibrer ses charges par rapport à ses produits.

Il est important d’aller vers le prix réel» a-t-il révélé. Il a annoncé que le chiffre d’affaires pour 2009 a été de 254 milliards de Dinars dont 136 milliards pour le gaz et l’électricité. «Sonelgaz est, aujourd’hui, plus un Groupe industriel qu’un groupe énergétique. L’énergie constitue donc moins de 55% du chiffre d’affaires global. Cela est essentiellement dû à la politique tarifaire. Nous voulons développer une stratégie d’intégration et des capacités de réalisation.»

Sur cette question sensible des prix réels, que l’état subventionne par l’intermédiaire de la Sonelgaz, M.Bouterfa s’est interrogé sur le système de rétribution. Selon lui, tout le monde bénéf icie de la subvention de l’électricité, qui touche non seulement les foyers qui ont en besoin, mais également ceux pour qui, ce coup de pouce n’est pas indispensable.

Un système de rétribution intéressant permettrait ainsi de «cibler ceux qui peuvent payer», selon le premier responsable de l’entreprise étatique.

DESERTEC : WAIT & SEE

Pour ce qui est des énergies renouvelables, elles représentent selon M.Bouterfa 50 MW par an pour Sonelgaz, soit 500 MW depuis une dizaine d’années que les projets y afférents ont été mis en branle.

Interrogé sur Desertec, un projet éco – énergétique de grande envergure qui a pour but de créer un réseau électrique interconnecté et alimenté par des centrales solaires allant du Maroc à l’Arabie Saoudite (également relié via Gibraltar) et des câbles sous-marins à l’Europe, à l’égard desquels l’Algérie avait marqué, à plusieurs reprises, des hésitations.

M.Bouterfa tout en employant un tout en employant un langage pragmatique n’a fait que souligner les hésitations de notre pays Plusieurs déclarations d’off iciels et surtout d’experts algériens avaient mis en garde contre l’intégration précipitée de ce projet chez nous, notamment à cause de la forme de partenariat qui est proposée dans le cadre de ce gigantesque projet.

En effet, off iciels et experts craignent que Desertec ne se traduise que par la simple et pure exploitation des ressources solaires de l’Algérie, sans contrepartie de technologie et de savoirfaire.

M.Bouterfa n’a pas manqué de confirmer ces craintes et les hésitations de l’Algérie toute entière quant à ce projet. «Nous voulons aller vers une maîtrise de l’énergie solaire et non pas seulement offrir.

Raouf Habib