La jeunesse algérienne face à son avenir, Avez-vous toujours 20 ans?

La jeunesse algérienne face à son avenir, Avez-vous toujours 20 ans?

Que peut aujourd’hui espérer un jeune de 25 ans en Algérie?

A peine espérer trouver un gagne-pain souvent sans rapport avec sa «fausse formation», souvent au noir, il se méprise lui-même, il a vieilli sans avoir grandi à la fleur de l’âge.

La jeunesse est la période où tout est possible où tous les rêves sont permis, c’est le moteur d’un peuple et d’une nation. C’est le coeur qui fait battre un pays en le poussant de l’avant. La jeunesse désigne aussi l’état optimal des facultés physiques et intellectuelles d’une personne, incluant sa maturité, par opposition à la sénescence durant laquelle les activités et les performances déclinent en raison du vieillissement. Mais pour cela, elle a besoin d’être choyée, protégée, poussée vers l’avant. Dans notre pays, la jeunesse n’est pas le souci de nos dirigeants, ils cherchent à la museler, à la contrôler, à la maîtriser. D’abord via l’école qui n’est que l’illusion d’un avenir meilleur, puisque notre système éducatif étouffe, mais ne fait pas pousser des ailes. La majorité des Algériens, ceux qui ont la chance d’être allés jusqu’au bout de leurs études se rendent compte qu’ils ont fait «tout ça pour rien».

Les plus «chanceux», ceux qui n’ont pas eu à se «fatiguer» pour s’instruire sont rejetés dans la rue sans perspective d’avenir, vivant de petits boulots, de petits trafics..Un mot qu’on ne peut traduire dans une autre langue: «Je navigue, n’bricouli, n’bougi, l’ekfaza…»

Tous ces mots résument à eux seuls que tout est en «préfabriqué» pour cette jeunesse, des solutions en mode de «replatrage» de manière ponctuelle, survivre au lieu d’espérer vivre. Sans jeunesse, un pays se meurt et on s’en rend compte dans l’Algérie d’aujourd’hui où il n’y a pas de jeunesse assez rêveuse pour nous faire rêver avec elle, pour nous faire espérer. Le seul rêve encore disponible est celui d’espérer vite un visa ou alors de quoi s’offrir un joint, une bouteille d’alcool pour oublier un instant ce qui fait mal. D’autres s’essayent à la religion en espérant un avenir meilleur dans l’au-delà, car celui d’ici-bas est invivable. La faute à qui? A cette jeunesse? Sûrement pas. Car l’évolution naturelle d’un enfant c’est d’abord l’espoir, se projeter dans demain, rêver… «Quand je serais grand, je veux devenir pilote.» «Quand je serais grand, je serais architecte» «quand je serais grand, je voudrais devenir artisan!» Notre jeunesse se rend compte en grandissant que rien, absolument rien n’a été préparé pour faire aboutir le rêve, car le rêve ne vaut que quand on s’attelle jusqu’à ce qu’il devienne réalité. De tout temps, c’est comme ça que les pays les plus avancés ont évolué, leur jeunesse a inventé, innové juste en faisant prolonger le rêve. N’hésitons pas à faire notre mea-culpa, nous avons brisé le rêve d’une jeunesse toute entière par une mauvaise gestion, par des intérêts cupides, par le mépris qu’on a envers ce «gâchis» qui n’est rien d’autre que l’Algérie de demain et donc celle d’aujourd’hui.

Ce qui nous reste à faire? Ne pleurons pas comme des femmes, l’avenir qu’on n’a pas su construire comme des hommes, il nous reste après un bilan vite fait, car il suffit d’aller dans un quartier populaire pour se rendre compte à quoi s’occupe notre jeunesse lorsqu’elle a la chance d’être éveillée. Il nous reste à comprendre enfin, que sans sa jeunesse, un pays est voué à l’extinction, car c’est d’elle et avec elle que se bâtit l’avenir et ce n’est pas en la faisant rêver de foot qu’on réussira à faire d’elle le moteur algérien, car un match ne dure que 90 mn et l’Algérie ne sera éternelle que grâce à une génération qui se donne la main, qui place l’échelle à celle qui la suit. Un maillon a sauté ces dernières décennies, on pense que seuls les vieux savent, que cette jeunesse n’est qu’une bande de gosses qui ne comprennent encore rien à rien…N’avons-nous pas le souvenir d’un ministre des Affaires étrangères, âgé de 25 ans? Que peut aujourd’hui espérer un jeune de 25 ans en Algérie? A peine espérer trouver un gagne-pain souvent sans rapport avec sa «fausse formation», souvent au noir, il se méprise lui- même, il a vieilli sans avoir grandi à la fleur de l’âge.. Il est déjà «fatigué de la vie», il est en mode «dégoûtage», il veut déjà mourir. Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil sur le nombre de suicides des jeunes Algériens, n’est-ce pas là une sonnette d’alarme?

Le nombre de suicides, le nombre de harraga, le nombre de perdus dans l’alcoolisme ou la drogue… C’est l’Algérie qui se vide de son essence même. Le coeur du pays est ignoré jusqu’au point de s’arrêter.