Selon le département de justice américain, Téhéran possède un building à New York qui blanchit de l’argent avant de le renvoyer en Iran. La tour, située au cœur de Manhattan, avait été construite dans les années 1970 sur initiative du shah d’Iran.
Les badauds de la célèbre cinquième avenue de New York ne verront plus la tour Piaget comme avant. Mardi 16 septembre, ce building de 36 étages surnommé de la sorte en référence au joaillier suisse qui y possédait quelques bureaux, a été saisi par la justice américaine qui accuse son propriétaire d’y dissimuler des activités illégales.
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Or ledit propriétaire n’est pas un sombre homme d’affaires aux tendances mafieuses, mais le gouvernement iranien. Construit dans les années 1970 sur initiative d’une ONG appartenant alors au shah d’Iran, ce gratte-ciel demeure aujourd’hui la propriété à 60 % de cette organisation iranienne devenue la Fondation Alavi. Elle se dit dédiée à « la promotion de l’enseignement de la culture islamique, la littérature, la civilisation et la langue persane ». Les 40 % restants sont détenus par Assa Corporation, une société écran servant à couvrir la banque Melli, elle-même appartenant au gouvernement iranien.
Selon la justice américaine, les co-propriétaires de la tour transfèrent l’argent issu de la location de leurs espaces vers Téhéran. Conformément à la législation américaine, ils se rendent ainsi responsables de blanchiment et du viol de la politique de sanctions contre l’Iran actuellement en vigueur.
« Terrorisme »
Mais le gouvernement américain va encore plus loin en inscrivant cette saisie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme : « Il s’agit de la saisie liée au terrorisme la plus importante jamais réalisée », s’est félicité le département de Justice américain. Les recettes issues de la vente du gratte-ciel serviront à « compenser les victimes du terrorisme sponsorisé par l’Iran », affirme Washington. La vente pourrait générer entre 500 et 700 millions de dollars (370 et 520 millions d’euros), selon le quotidien « New York Daily News ».
Les propriétaires de la tour n’ont, toutefois, pas dit leur dernier mot et comptent bien faire appel. « Nous prenons acte de cette décision et faisons part de notre désaccord avec l’analyse de la Cour », a déclaré la Fondation Alavi. « Nous étions disposés à nous rendre à un éventuel procès et sommes déçus de ne pas avoir l’opportunité de réfuter les preuves dont dispose le gouvernement devant un jury », a-t-elle poursuivi.
Quant à l’avocat de la société Assa, il refusait, pour l’heure, de commenter la situation malgré les sollicitations de la presse américaine. La multinationale Citigroup, qui fait partie des locataires de la tour, n’a pas non plus souhaité réagir.
La première plainte au civil avait été déposée en 2008 par le département de justice.