Juste après que la nouvelle soit parvenue aux citoyens, une alerte générale a été donnée et les comités de village des communes de Fréha et de Timizart se sont réunis dans l’urgence.
La ville de Fréha sera paralysée aujourd’hui par une grève générale à l’appel des comités de villages. Encore une fois, les enlèvements suscitent des réactions massives auprès de la population de Kabylie.
L’enlèvement d’un citoyen de 33 ans, à Fréha, 30 km au nord-est de Tizi Ouzou, a généré une série d’actions dans la région. C’est dans un faux barrage, dressé par des hommes armés, dans la nuit de samedi à dimanche derniers, que le citoyen I.L. a été enlevé au niveau du village Tala T’gana, à deux kilomètres d’Azrou, lieu de résidence de la victime. Ce dernier était à bord de son véhicule de marque Golf quand il a été surpris par ses ravisseurs.
Quelques heures après le kidnapping, son frère a reçu un appel téléphonique, l’informant que son frère était en leur possession et que, s’il voulait qu’il soit libéré, il devrait verser une rançon.
Le montant exigé par les ravisseurs s’élève à trois milliards de centimes. Hier matin, le véhicule de la victime a été retrouvé à Tigzirt, 40 km au nord de Tizi Ouzou et à une cinquantaine de kilomètres du lieu de l’enlèvement.
Juste après que la nouvelle soit parvenue aux villageois, une alerte générale a été donnée. Ainsi, les comités de village des communes de Fréha et de Timizart ont tenu, dans l’urgence, une réunion dans la nuit de dimanche dernier à 22 heures afin de débattre des mesures à prendre à la suite de cet énième enlèvement dans la wilaya de Tizi Ouzou.
Parmi les décisions prises par les représentants des comités, on apprend qu’une grève générale sera observée aujourd’hui au niveau de la ville de Fréha. Aussi, apprend-on, que les citoyens allaient effectuer une battue dans le but de rechercher la victime.
Ce kidnapping intervient au lendemain d’une autre opération terroriste similaire ayant visé le fils d’un avocat dans la région de Draâ El Mizan, au sud de Tizi Ouzou. 24 heures plus tard, il a été libéré. On croit savoir que ce dernier aurait été enlevé par erreur.
Elle coïncide également avec une autre tentative d’enlèvement, avant-hier vers 20 h, de deux enfants à Bordj El Bahri à l’est d’Alger, déjouée par des policiers en civil. Les policiers ont réussi à libérer les deux enfants avant d’arrêter le kidnappeur.
L’arrestation a eu lieu à la nouvelle cité Cosider près du quartier populaire de Kahouat Chergui, en présence d’une foule nombreuse. Le malfaiteur, âgé d’une trentaine d’années, a tenté de fuir à pied au moment où les policiers faisaient sortir les deux enfants de la voiture. Mais il a été rattrapé par les policiers.
Une journée auparavant, samedi dernier, la population a déjoué une autre tentative de kidnapping d’un autre enfant, dans la même cité. L’enfant était poursuivi par un homme armé d’un couteau qui voulait le kidnapper, selon des témoignages recueillis sur place.
Mais le phénomène semble proliférer en Kabylie. Apparu depuis cinq ans dans la wilaya de Tizi Ouzou, le phénomène des kidnappings a touché pas moins de 52 citoyens depuis.
La région de la wilaya la plus touchée par les enlèvements des entrepreneurs et les commerçants est Maâtkas, suivie de Draâ El Mizan puis Boghni. Il a été aussi signalé plusieurs autres rapts dans d’autres localités, à l’instar d’Ath Douala et Iflissen.
Les ravisseurs semblent être bien informés de la situation financière des familles des personnes à enlever. Maintes fois, les familles des victimes ont tenté d’expliquer qu’elles ne sont pas en possession des sommes d’argent exigées, mais les ravisseurs répliquent en livrant des informations détaillées sur les biens qu’elles possèdent.
Plusieurs réseaux de soutien au terrorisme ont été démantelés ces deux dernières années dans les régions où les opérations d’enlèvement sont fréquentes. Il y a également une incroyable mobilisation citoyenne qui a permis la libération des personnes kidnappées. On se rappelle de l’élan de solidarité qui a suivi l’enlèvement d’une personne à Tigzirt ou celui du vieux de Boghni.
Les habitants d’Aït Koufi, une localité située sur les hauteurs du sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou ont brisé le mur de la peur menaçant de recourir à la force si les ravisseurs ne relâchaient par leur victime, un entrepreneur du même village.
La mobilisation s’est amplifiée, un grand rassemblement ainsi qu’une marche ont été observés pour aboutir enfin à la libération de la victime.
Aomar MOHELLEBI