Les intervenants à la 46e assemblée générale annuelle de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) ont mis, hier à Alger, l’accent sur l’impératif d’«accélérer le processus de libéralisation du transport aérien africain». Certes, l’Afrique s’est engagée sur la voie de la libéralisation de son transport aérien, notamment par la proclamation de la Décision de Tamoussoukro en 1999, toutefois, le continent peine toujours à développer un réseau de services aériens continental et intercontinental en mesure de répondre aux besoins socioéconomiques de sa population.
Et pour cause : «La décision de Tamoussoukro n’a été que partiellement appliquée», explique le président-directeur général d’Air Algérie, Mohamed Boultif. Cette lenteur, poursuit M. Boultif, n’a pas été sans conséquences sur le transport aérien du continent, qui se caractérise par un réseau intercontinental fortement dominé par des compagnies aériennes non africaines. Pire encore, le transport aérien africain ne représente que 2,3% du transport aérien mondial, regrette le ministre des Transports, Amar Ghoul, qui a procédé à l’ouverture des travaux de la 46e Afraa.
Le ministre est allé encore plus loin : «Le marché aérien africain n’enregistre que 70 millions de passagers par an, contre 948 millions de passagers enregistrés par le marché asiatique, 781 millions de passagers par le marché européen et 144 millions par le marché du Moyen-Orient.»
C’est dire, le retard qu’accumule le marché aérien africain, d’où, selon M. Ghoul, la nécessité de conjuguer les efforts à l’effet de construire un marché aérien africain «unique», permettant aux Africains de négocier en tant que bloc pour obtenir des communautés aéronautiques tierces des droits équilibrés.
Le P-dg d’Air Algérie suggère d’envisager à terme la mise en place d’un organe unique à l’échelle continentale qui constituera, à ses yeux, «la pierre angulaire de la stratégie de sûreté et sécurité communautaire à l’instar de l’Easa en Europe». Les Etats africains se doivent aussi, poursuit M. Boultif, d’apporter leur contribution au développement des infrastructures et de participer à la baisse des coûts d’exploitation des transporteurs aériens, qui demeurent les plus élevés de la moyenne mondiale.
Engager des processus de coopération plus accrus notamment en faveur du déploiement d’alliances stratégiques, pourrait sans nul doute favoriser l’intégration du transport aérien sur le continent, ajoute le P-dg d’Air Algérie. A ce propos, M. Boultif a fait part de la stratégie de sa compagnie aérienne visant, selon lui, «non seulement à augmenter son offre sur le réseau africain mais une extension sur d’autres destinations telles que l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Ethiopie, Djibouti, etc…».
B. A.