La compagnie nationale de transport aérien se débat dans de nombreux problèmes qui freinent son développement et se répercutent négativement sur son image de marque, autant au plan national qu’international. Une dure réalité à laquelle fait face Mohamed Abdou Bouderbala, le nouveau PDG d’Air Algérie nommé tout récemment à ce poste qui a décidé comme première mesure de bloquer les recrutements.
Il est tenu dans l’immédiat de faire ses preuves en matière de gestion. Pour cause, Bouderbala est pris dans une sorte de course contre la montre. Son premier défi est de réussir la gestion de la saison estivale qui a déjà démarré et qui coïncide aussi avec la saison des départs vers les Lieux saints (Hadj). Le nouveau PDG d’Air Algérie se dit disposé à ne ménager aucun effort pour relever ce challenge.
C’est du moins ce qu’il a affirmé hier à l’occasion d’une conférence de presse animée en marge de la conférence annuelle des cadres d’Air Algérie consacrée à la présentation des bilans ainsi qu’au diagnostic des points faibles de la compagnie en vue d’apporter les correctifs nécessaires à travers la mise en place d’une nouvelle feuille de route. L’information capitale qu’a livrée Bouderbala à la presse se rapporte au gel des recrutements. Il admet en effet que la compagnie qu’il dirige souffre d’un sureffectif et affirme par la même occasion que les départs en retraite ne seront pas remplacés, plus particulièrement le personnel chargé de l’administration. Le PDG d’Air Algérie s’est en outre dit incapable d’avancer le nombre exact du sureffectif.
Mais sa décision est irrévocable, «on bloque les recrutements» a-t-il insisté. Toujours dans le sillage de la gestion du personnel, il a évoqué la possibilité de reconversion des certains métiers et leur orientation vers d’autres créneaux, notamment celui de la maintenance des appareils. Dans ce même créneau, des recrutements peuvent encore se faire à titre exceptionnel.
Ce type d’embauche est qualifié «d’utile» par le nouveau patron d’Air Algérie. En ce sensn il a informé de la réouverture de la base de maintenance réservée à la réparation des appareils des compagnies étrangères, ce qui est susceptible d’assurer des rentrées d’argent au profit d’Air Algérie. C’est là d’ailleurs l’une des préoccupations à laquelle Mohamed Abdou Bouderbala accorde toute l’importance requise.
«J’ai moi-même engagé une série de contacts avec des compagnies africaines qui veulent réparer leurs appareils chez nous», dira-t-il. Autre domaine qui ne manque pas d’importance aux yeux du conférencier, la formation du personnel en vue de relever le niveau concurrentiel d’Air Algérie. On apprendra à ce propos que 36 pilotes suivent une formation très avancée à Londres.
L’ouverture de nouvelles dessertes ajournée
Mohamed Abdou Bouderbala a exclu par ailleurs l’ouverture de nouvelles dessertes aériennes dans l’immédiat. «Je ne peux pas ouvrir de nouvelles dessertes avec les capacités actuelles», a-t-il précisé. En outre, pour mieux réussir la gestion de la saison estivale, Air Algérie prévoit l’affrètement de 4 avions dont deux gros porteurs. S’agissant de la nouvelle restructuration approuvée par le Conseil des participations de l’Etat (CPE), il est prévu dans ce cadre la dotation d’Air Algérie de quatre nouvelles filiales.
Il est question en effet de la création d’une société de catering (l’activité de préparation des repas destinés aux passagers), d’une filiale spécialisée dans le transport de marchandises (cargo), une troisième dédiée au handling (embarquement, enregistrement des bagages…) ainsi que le lancement d’une société devant assurer le service de maintenance et la réparation des aéronefs d’Air Algérie et d’autres compagnies aériennes. «En visant la maintenance et le transport de marchandises, nous pouvons faire plus d’efforts en matière de prix proposés aux passagers», a souligné le PDG. En 2014, Air Algérie a enregistré une hausse de 10,5% de son chiffre d’affaires estimé à 76 milliards de DA contre 69,9 milliards de DA en 2013, selon les chiffres de la compagnie.
Ces résultats ont été atteints grâce à l’évolution du trafic des passagers qui a augmenté de 10% à 5,2 millions de voyageurs transportés en 2014 contre 4,8 millions en 2013. «Sur le plan financier, nous avons des potentialités intéressantes que nous voulons consolider avec une meilleure qualité de service. Si on arrive à gagner cette bataille, Air Algérie pourra se repositionner à l’international», a encore assuré le PDG de la compagnie.
Karim Aoudia