La « mini sardine » envahit les étals : entre solution économique et inquiétude écologique

La « mini sardine » envahit les étals : entre solution économique et inquiétude écologique

Face à l’explosion des prix de la sardine en Algérie, un nouveau type de poisson attire désormais l’attention des consommateurs : la mini-sardine. Proposée aux alentours de 700 DA le kilo, cette alternative séduit par son prix nettement plus abordable que celui de la sardine de taille normale, qui a récemment franchi la barre symbolique des 2000 DA le kilo dans plusieurs marchés du pays.

Face à la hausse des prix, la mini-sardine gagne du terrain

Cette mini-sardine, qui fait à peine la moitié de la taille d’une sardine classique, est apparue progressivement sur les étals des poissonneries, suscitant à la fois curiosité et prudence. Si les consommateurs y voient une manière de continuer à consommer un produit populaire sans trop impacter leur budget, les professionnels du secteur maritime et les écologistes, eux, tirent la sonnette d’alarme.

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En effet, selon plusieurs observateurs, cette mini-sardine est, dans la majorité des cas, un poisson juvénile, c’est-à-dire non adulte et n’ayant pas encore atteint sa maturité sexuelle. Sa capture massive pose alors un problème de fond : la menace sur la reproduction de l’espèce. En pêchant des sardines qui ne se sont pas encore reproduites, les pêcheurs risquent de déséquilibrer tout un écosystème déjà fragilisé par la surpêche, la pollution et les changements climatiques.

« Ce n’est pas simplement une question de taille ou de goût. C’est une alerte écologique », explique un spécialiste en ressources halieutiques. « Si l’on continue à prélever des sardines trop jeunes, on compromet leur cycle naturel de reproduction. À terme, cela pourrait conduire à une baisse significative des stocks, voire à un effondrement local de la population de sardines. »

Sardine juvénile à 700 DA : solution économique ou menace écologique ?

Du côté des pêcheurs, certains reconnaissent la pratique, justifiant ce choix par la baisse des rendements en mer et la pression économique qu’ils subissent. D’autres assurent respecter les normes, mais soulignent l’absence de contrôle strict sur les tailles minimales autorisées à la vente.

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Pour les consommateurs, le dilemme est réel : faut-il continuer à acheter ce poisson meilleur marché au risque d’encourager une pêche non durable ? Plusieurs associations appellent à une meilleure régulation, notamment à travers un renforcement des contrôles sur les tailles de capture et une sensibilisation du public à l’importance de préserver les ressources marines.

En attendant, la mini-sardine continue de se faire une place sur les étals, à la croisée des enjeux économiques et environnementaux, symbole d’un marché du poisson en pleine mutation.