Si certains en France sont endeuillés suite au décès de Jean-Marie Le Pen, ce n’est pas le cas pour d’autres qui se sont réjouis de la mort du fondateur du Front National. Ce dernier, n’a pas eu un hommage digne d’une grande personnalité à l’Hexagone en raison de son passé noir.
Le début de la nouvelle année 2025 a été marqué par la disparition de Jean-Marie Le Pen, qui a rendu l’âme le 7 janvier à l’âge de 96 ans. Seulement, il n’a pas eu un hommage digne d’une grande personnalité en France.
En effet, nombreux sont ceux qui sont sortis à la rue pour célébrer la mort du fondateur du Front National en raison de son passé noir, notamment au milieu du dernier siècle.
Des manifestations à Paris et à Marseille, 3 personnes interpellées
Une manifestation controversée s’est déroulée place de la République à Paris. Une centaine de personnes se sont rassemblées pour célébrer la mort de Jean-Marie Le Pen. L’événement, organisé sous forme d’« apéro géant » par le collectif queer Les Inverti.e.s, a réuni des participants exprimant leur joie à travers chants, danses et feux d’artifice.
Les manifestants ont notamment dénoncé le passé du défunt, évoquant son rôle pendant la guerre d’Algérie et ses positions politiques controversées. Plusieurs participants ont souligné que, bien que l’homme soit mort, ses idées persistent à travers la nouvelle génération de l’extrême droite.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d’autres villes françaises, notamment à Marseille, où les manifestants ont qualifié Le Pen de figure symbolisant la haine, le racisme et l’antisémitisme. Ces démonstrations ont provoqué une vive réaction du ministre de l’Intérieur, qui a condamné ces scènes de liesse, les qualifiant de « honteuses ».
L’événement s’est conclu par l’interpellation de trois personnes, selon la préfecture de police de Paris, illustrant les tensions persistantes autour de l’héritage politique de Jean-Marie Le Pen.
Un ancien tortionnaire de la guerre d’Algérie
Un nouvel ouvrage de l’historien Fabrice Riceputi apporte des preuves accablantes sur l’implication de Jean-Marie Le Pen dans des actes de torture pendant la guerre d’Algérie. L’enquête s’appuie sur une documentation exceptionnellement riche, notamment une quinzaine de plaintes retrouvées dans les archives de la police d’Alger.
Parmi les éléments les plus probants, on trouve des aveux directs de Le Pen publiés dans le journal Combat en novembre 1962, où il reconnaît avoir torturé « parce qu’il fallait le faire », avant de se rétracter le lendemain. Une preuve matérielle existe également : son couteau gravé à son nom, oublié chez une famille, dont le père a été torturé en 1957.
Si Le Pen a longtemps gagné ses procès en diffamation grâce à l’amnistie de 1962, la situation a évolué depuis la Convention contre la torture des Nations Unies de 1984. Ses derniers procès se sont soldés par des défaites, reflétant un changement dans l’opinion publique française et dans l’approche judiciaire de ces crimes de guerre.
Cette histoire illustre comment la justice et la société françaises ont progressivement modifié leur regard sur les actes de torture commis pendant la guerre d’Algérie, passant d’une forme d’acceptation tacite à une condamnation plus ferme de ces pratiques.
Réaction du gouvernement français aux célébrations
La célébration de la mort de Jean-Marie Le Pen a provoqué de vives réactions au sein de la classe politique française. Plusieurs membres du gouvernement ont fermement condamné ces manifestations de joie, les qualifiant d’indignes.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a qualifié ces scènes de « honteuses » sur X, rappelant que la mort d’un adversaire politique devrait inspirer retenue et dignité. Dans la même lignée, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a souligné l’importance de respecter les morts tout en poursuivant le combat politique avec les vivants.
Du côté de l’opposition, le député socialiste Jérôme Guedj a également désapprouvé ces célébrations. Tout en rappelant son opposition historique aux idées de Le Pen, il a plaidé pour une « certaine grandeur d’âme » face à la mort. Il en a profité pour critiquer François Bayrou qui avait qualifié Le Pen de « grande figure de la vie politique », rappelant au passage les condamnations de l’ancien leader d’extrême droite pour contestation de crime contre l’humanité.
Cette polémique illustre le débat complexe entre le rejet politique des idées d’extrême droite et le respect dû aux défunts, même lorsqu’il s’agit d’adversaires politiques.