La non-convertibilité de la monnaie nationale, Elle pousse à une dévaluation importante du dinar

La non-convertibilité de la monnaie nationale,  Elle pousse à une dévaluation importante du dinar

LA NON-CONVERTIBILITÉ DE LA MONNAIE NATIONALE

 La baisse importante de la valeur du dinar ces dernières années et qui se poursuivra en 2016 aura indéniablement des répercussions sur le pouvoir d’achat des Algériens. 

Faut-il, en ces temps de crise, augmenter l’allocation devises ? La réponse est simple : en contexte d’aisance financière ou de baisse des revenus fonciers, le niveau modeste de l’allocation devises en Algérie exerce une pression sur le marché parallèle via une demande des particuliers qui ont besoin de beaucoup plus de devises pour leur voyage touristique ou professionnel, leurs frais de santé ou leurs dépenses d’enseignement à l’étranger. Ce qui constitue l’un des facteurs qui pousse à la baisse de la valeur du dinar sur le marché noir de la devise.

En ce sens, l’Algérie est le pays des paradoxes, avec des revenus financiers plus importants, le montant de l’allocation devises est dix fois moindre qu’au Maroc. En Tunisie, l’État couvre à travers l’allocation devises réservée à cette dépense 100% des frais d’enseignement des étudiants tunisiens à l’étranger, rapporte Mohamed Kessel, spécialiste financier. En contrepartie, ces étudiants signent un engagement selon lequel ils doivent, après leurs études, retourner au pays.

La vision n’est pas la même. En Algérie, le citoyen est considéré comme un consommateur, en Tunisie et au Maroc pour les étudiants et diplômés comme un capital humain. Une ressource en somme susceptible de contribuer à la croissance et à la modernisation du pays.Mais comment assécher cette demande sur le marché parallèle de la devise ? Des experts préconisent l’ouverture plus importante de l’économie qui permette de disposer de biens produits localement auparavant importés par la valise, l’amélioration de la qualité des systèmes de santé et d’enseignement, réduisant la demande de bourses et d’inscriptions dans les facultés étrangères. Mohamed Kessel, lui, est favorable à une allocation devises plus importante, du même niveau que celle accordée au Maroc.

Les finances du pays le permettent. “Songez aux gains engrangés de la chasse aux surfacturations qui représentent 18% de la valeur des importations, au moins 10 milliards de dollars, aux produits contrefaits ou non conformes qui seraient refoulés si l’Algérie appliquait la loi sur la normalisation (gain de plusieurs milliards de dollars)”, argue-t-il.Les revenus actuels du pays permettent une allocation devises plus importante

En clair, la non-convertibilité du dinar — cette convertibilité l’est seulement pour les opérations du commerce extérieur — constitue l’un des principaux maux de l’économie nationale. Il faut y aller maintenant, précise Zoheir Boudehri, expert en stratégie économique.

Car elle constitue en particulier un frein à l’investissement direct étranger. Pour Lyes Kerrar, expert financier, il faut des préalables pour aller vers cette convertibilité totale du dinar. Y aller brutalement entraîne une fuite de capitaux, appréhendent d’autres experts. Mais elle peut être accélérée avec un développement des exportations hors hydrocarbures et des recettes touristiques, soutiennent-ils. Revenons au marché noir de la devise. Mohamed Kessel précise que la demande des particuliers sur le marché parallèle de la devise ne représente qu’une partie moins importante des flux circulant dans ce marché.

L’essentiel de l’argent en devise qui transite sur ce marché provient du fruit des surfacturations qui alimentent les cambistes de Port-Saïd, de Tadjenanet et d’autres places parallèles d’échange de la devise.

La demande émane en partie d’importateurs qui excellent dans la sous-facturation. L’une des solutions pour assécher ce marché est de réussir la lutte contre les surfacturations. La valeur du dinar s’en portera beaucoup mieux. Mais la vraie solution structurelle à la solidité du dinar est la solidité de notre économie. Imaginez si on avait une industrie pétrochimique développée (capacité de raffinage qui permette de se passer des importations, une pratique importante du recyclage des déchets par le raffinage, la production de plastiques à partir de la récupération). “On réaliserait une économie de 7,5 milliards de dollars sur nos importations”, ajoute-t-il. En somme, si on avait une politique industrielle d’intégration, le dinar serait bien plus fort.

Autre question : le transfert des dividendes. Pour Mohamed Nazim Bessaih, expert financier, actuellement directeur de Global Transactions Banking à Société Générale, dans une conférence rapportée par le dernier numéro de la Chambre de commerce algéro-française, on ne peut parler de convertibilité du dinar sans parler des dividendes. Sujet hautement sensible pour la réussite des affaires et considéré comme le baromètre utilisé par les organismes internationaux dans leur évaluation de l’environnement des affaires en Algérie. Le conférencier, qui fait partie de la jeune génération de brillants banquiers, considère que la loi algérienne n’est aucunement bureaucratique lorsque le dossier présenté par l’entreprise est bien présenté, bien structuré. Le transfert des dividendes, dans la réglementation algérienne sur la question, est autorisé pour les sociétés étrangères productrices de biens et services présentes en Algérie, rappelle-t-il. Les sociétés étrangères spécialisées dans la revente en l’état ne peuvent, elles, transférer leurs dividendes.

En clair, ces quelques remarques citées parmi ces observations permettent de voir plus clair sur la question et donc de faciliter l’investissement direct étranger.

K. R