Ce qui devait être l’événement marquant la veille de Ramadhan, la paella géante, n’a été au final qu’un grand bide. Les organisateurs qui ont présenté la trouvaille comme une œuvre en mesure de figurer sur le Guinness book, se sont finalement rendus à l’évidence: ce ne fut qu’un grand gaspillage de la nourriture perdue qui aurait pu nourrir des ventres affamées. L’organisateur qui voulait que l’occasion marque la fin du festival de la gourmandise, s’est planté.
Il a réussi le plus grand gaspillage de l’histoire, un record qui pourrait lui être homologué, car réalisé devant tous les habitants de la ville. 8 tonnes de riz, 1009 kg de viande de poulet, 1000 kg de viande ovine, 800 kg de calamar, 800 kg de crevettes, 280 kg de sel, 110 kg de poivre noir, 750 kg de poivre vert, 140 kg d’ail, 20 kg de safran, 1400 litres d’huile, 5 kg de feuilles de laurier, 1200 kg d’oignon, 60 kg d’épices diverses et 800 kg de tomate. Voilà au détail les ingrédients d’une mascarade de mauvais goût et les éléments d’une pilule dure à avaler.
Certes, on viendra nous dire que l’argent public n’a pas été dépensé dans cet acte de folie, mais force est de reconnaître que si tous ces ingrédients avaient garni des couffins du Ramadhan, ils auraient au moins servi à donner un peu plus de saveur à la h’rira des petites gens.
Et puis, pour justifier son échec, l’organisateur n’a pas trouvé mieux que de réécrire à sa manière, le patrimoine culinaire algérien. Il nous a attribué la paternité de la paella et remonté dans le temps pour situer la naissance de ce plat particulier à une région ibérique et non à toute l’Espagne, à l’arrivée des musulmans de l’Andalousie. Une écriture tronquée de l’histoire pour nous faire avaler une couleuvre qui avait tout l’air d’un python.
L’exploit, oui ce fut le record du gaspillage. Car on a jeté de la nourriture par terre, on l’a piétinée, on l’a martyrisée alors que nos traditions arabo-musulmanes nous dictent d’en prendre soin. Ah, autre incongruité dans ce grand bide. On a estimé le coût de cette prétendue paella gargantuesque à 12 milliards de centimes.
D’autres qui voulaient nous mettre plein les mirettes, avant qu’ils ne soient rattrapés par leur ratage quand leur œuvre a pris feu, ont avancé le montant de 14 milliards. Mais à voir les ingrédients et sachant qu’ils étaient en majorité des produits surgelés, on leur dit tout simplement: allez refaire vos classes de calcul élémentaire, cela vous permettra de savoir qu’on ne figure pas dans le Guinness book des records en se fendant du plus gros mensonge.
Au final, on aurait aimé voir cet organisateur nous proposer le plus grand couscous au monde, cela nous aurait évité le gaspillage et surtout les risques d’intoxication alimentaire qui ont plané sur tous ceux qui ont osé goûter à la mixture présentée comme une succulente paella.
N.B
