La paisible Autriche choquée par un drame de chasse inédit

La paisible Autriche choquée par un drame de chasse inédit

Vienne – L’Autriche était sous le choc mercredi après le bain de sang provoqué la veille par un braconnier présumé qui a abattu trois policiers et un secouriste avant de vraisemblablement se suicider dans sa ferme.

«Le massacre sanglant du braconnier», titrait le journal populaire Österreich, tandis que le journal gratruit Heute consacrait sa Une aux victimes du chasseur: «Quatre morts et 6 enfants à moitié orphelins».

«Le cauchemar sanglant ressemble à un scénario de film noir», écrivait encore le quotidien Kronen-Zeitung, tandis que le journal Kurier parlait de «tragédie».

La veille, les députés avaient observé au parlement une minute de silence à la mémoire des victimes. «Ces événements dramatiques sont uniques dans l’histoire de la police autrichienne», a déclaré la ministre de l’Intérieur Johanna Mikl-Leitner.

Le cardinal-archevêque de Vienne Christoph Schönborn, dont la voix est écoutée dans la très catholique Autriche, a lui aussi fait part de son émotion, faisant l’éloge mercredi de ceux «qui sont prêts à tout faire pour aider autrui, y compris mettre en danger leurs propres vies».

La petite république alpine compte quelque 115.000 chasseurs qui ne font généralement pas parler d’eux. Les accidents de chasse sont rarissimes.

La veille, le braconnier présumé avait dans un premier temps abattu un policier lors de son interpellation dans une forêt à Annaberg, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Vienne. Il avait ensuite de nouveau ouvert le feu alors que des secouristes appelés sur place étaient en train de prodiguer les premiers soins à un deuxième policier blessé, tuant cette fois le conducteur de l’ambulance.

«Un jour parmi les plus sombres»

Il s’était enfui à pied avant de tomber sur une voiture de police stationnant à un croisement et de tirer de nouveau, tuant l’un de ses deux occupants. Puis il avait pris la fuite dans la voiture de police, en emmenant avec lui l’autre policier en otage, qui a été retrouvé mort par la suite.

Les médias s’interrogeaient mercredi sur ses motivations encore mystérieuses. Après avoir perdu sa femme, décédé d’un cancer, Alois Huber aurait commencé en 2005 à braconner. Sans enfant, son seul compagnon était un chien, Burgi, qu’il a aussi abattu avant de probablement se donner la mort, selon le Kronen-Zeitung.

«Il avait commencé il y a quelques semaines à dire qu’il avait des problèmes. Qu’il avait un autre »je« ou quelque chose de ce genre (…) Je crois qu’il se sentait comme un schizophrène», témoigne dans le Kurier un ami du tueur, Herbert Huthansl. Le forcené l’avait appelé mardi dans la matinée pour prendre congé, après lui avoir avoué son acte, alors même que sa ferme était encerclée de policiers.

Alois Huber, âgé de 55 ans dirigeait une petite entreprise de transports. Il était notoirement sur le pied de guerre avec les autres chasseurs de la région, ayant même perdu son permis de chasse à la suite d’une rixe avec plusieurs d’entre eux. Dans sa chasse personnelle, il n’y avait pas de cerfs, dont il collectionnait les trophées, ce qui expliquerait ses incessants actes de braconnage, ont indiqué mardi des chasseurs de la région.

Sa mort reste aussi à éclaircir et les policiers poursuivaient les fouilles mercredi dans la ferme, à 90 km à l’ouest de Vienne. Après une intervention de près de cinq heures, l’unité d’élite Cobra de la police autrichienne avait fini par découvrir dans la nuit un corps carbonisé, vraisemblablement celui du braconnier.

«Les policiers ont souhaité ouvrir la porte» d’une pièce cachée, mais «le feu avait pris», a expliqué le porte-parole de la police de Basse-Autriche, Roland Scherscher. Lorsque l’incendie a été maîtrisé, «le corps d’un homme a été découvert carbonisé», a-t-il ajouté.

Près de 200 membres des forces de police de Basse-Autriche et 135 membres de l’unité Cobra ont pris part à l’assaut.