En persistant, la pénurie de cer-tains médicaments risque d’être dramatique pour les patients, essentiellement les malades chroniques, qui commencent à connaître de sérieux problèmes causés par la perturbation dans leur traitement.
«Leur situation déjà critique a empiré. A la recherche des médicaments qui leur manquent, ils nous soumettent à un harcèlement quotidien.
Parce que ce sont des clients qui ont été fidélisés à leur pharmacie, nous essayons de leur procurer tant bien que mal une boîte du médicament dont ils ont besoin en attendant un arrivage, toujours minime il faut le souligner, mais qui commence à devenir plus problématique à mesure que le temps passe», explique un pharmacien du centre-ville de Constantine que nous avons rencontré dans son officine avec quelques uns des malades.
Selon ce pharmacien, la situation devient préoccupante et des malades ont été hospitalisés aux urgences de l’hôpital affirme-t-il, à cause du manque de médicaments essentiels. Exprimant un désarroi total, des malades nous ont expliqué qu’ils font chaque jour un ratissage systématique des officines de la ville et de ses alentours, sans arriver à se procurer le médicament qui leur manque.
Ne sachant à quel saint se vouer, ils disent ne pas comprendre la persistance de cette pénurie. «Pourtant, nous lisons chaque jour dans la presse que la facture d’importation du médicament ne cesse d’augmenter, que l’Etat a encouragé l’investissement pour la production locale des médicaments …
Pourquoi alors ce manque qui persiste depuis plus d’une année ?». Interrogé, le secrétaire du bureau local du syndicat des pharmaciens d’officine (SNAPO), M. Bouherid, a commencé par exprimer son étonnement devant la persistance de cette pénurie alors que les programmes d’importation ont été signés par le ministère de la Santé. Il nous fournira une liste restreinte de quelques médicaments de spécialités qui sont en rupture totale.
Il s’agit des médicaments pour cardiopathies, tels que Corvasal 2 et 4 mg Praxilène 200, Foradil, un produit pour maladie respiratoire, Célestene 2 mg (corticoïde), Tahor ( Impo-colestero lemiant), ainsi que les anti-inflammatoires Felden et générique, Voltarene et générique et Atrovent pour maladie respiratoire, etc. Aussi, le responsable du SNAPO ne croit pas que le problème provient du Crédoc mais pense qu’il existe un problème de fond au niveau des importateurs qui ne peuvent plus invoquer maintenant ce prétexte du Crédoc. «Il y a un phénomène que nous avons remarqué au niveau national chez des grossistes.
C’est que malgré les dénonciations au niveau de la presse et en l’absence de tout contrôle, ces derniers continuent à utiliser le système du pack, à savoir la vente concomitante aux pharmaciens de produit en rupture accompagné de trois ou quatre médicaments à faible rotation pour une commande de 40.000dinars». Et d’ajouter «nonobstant le problème réel de la production locale de médicaments de spécialités qui reste très insuffisante, la pénurie est due aussi à la réduction des quantités à l’importation.
Mis à part Saidal qui reste à l’heure actuelle le seul laboratoire à fabriquer les médicaments de spécialités et qui n’arrive pas à satisfaire la demande locale, il a été établi aussi que les quelques laboratoires nationaux de production n’investissent pas ou peu dans les médicaments de spécialités destinés aux malades chroniques ou investissent dans les médicaments à grande rotation, les médicaments de généralités comme les anti-inflammatoires, les antalgiques, les sirops, etc. qui, eux, sont disponibles. Donc, ici on voit que les préoccupations commerciales prennent le dessus !», fera-t-il remarquer.
Notre interlocuteur termine en signalant qu’au mois de juin 2008, le SNAPO avait établi un listing de 60 médicaments introuvables sur le marché qu’il avait communiqué aux secteurs concernés du ministère de la Santé pour les intégrer dans les programmes des importateurs et en quantités suffisantes.
A. Mallem