Selon des experts, une dévaluation du dinar serait dans les petits papiers de l’Exécutif qui chercherait des solutions de facilité, comme il a l’habitude de le faire, dans une conjoncture économique dégradée.
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Hassane Rabhi, déclarait, il y a quelques semaines, que l’ère de la planche à billets “était révolue”. Et d’affirmer que l’Algérie tourne résolument la page du financement non conventionnel. Tout le monde a pensé que c’en était fini avec ce mode de financement. Mais, voilà que le ministre des Finances, Mohamed Loukal, dit le contraire, ou presque. Le ministre des Finances a, en effet, souligné, cette semaine, que le financement non conventionnel a été “gelé” pour l’exercice en cours (2019), mais qu’il “reste un levier important”, mais “non exclusif”, de financement pour le Trésor jusqu’à 2022. Il a fait savoir que la décision de “suspendre temporairement” le recours à ce mode de financement a été prise lors d’une réunion du gouvernement, tenue le 26 juin dernier. Il jette ainsi la confusion quant à la manière dont l’Exécutif entend financer le déficit budgétaire du pays qui a atteint 992,67 milliards de dinars durant le premier trimestre de 2019, contre 1 276,5 milliards durant la même période 2018. Le gouffre est abyssal ! Le gouvernement a, en fait, mis son plan de financement non conventionnel en veilleuse. Mais quelle solution alternative propose-t-il ? Quelles solutions de rechange sont proposées, c’est-à-dire dans quelle mesure les solutions de rechange sont-elles plausibles dans le contexte d’aujourd’hui ? Aux dires de certains experts, une dévaluation du dinar serait dans les petits papiers de l’Exécutif. Ce dernier, cherchant des solutions de facilité, comme il a l’habitude de le faire, dans une conjoncture économique dégradée, va certainement commencer à raboter dans la valeur de la monnaie nationale. Cette option semble être la plus facile à réaliser afin de résorber le déficit accumulé. Mais elle est considérée comme étant porteuse de risques, car de vives tensions inflationnistes risquent de se faire sentir, avec, comme effet d’entraînement, des conséquences importantes sur le pouvoir d’achat des ménages. Une telle mesure serait ainsi malvenue, d’autant plus que certains signes indiquent déjà que les ménages éprouvent des difficultés à gérer leur portefeuille. Le gouvernement en a-t-il tenu compte ? L’Exécutif devrait se rendre compte que les temps ont changé et les ménages ne veulent plus subir, ni se contenter de faire le dos rond en attendant que passe l’orage. Certes, des solutions adaptées existent, mais le problème est que le temps presse pour un gouvernement censé expédier les affaires courantes. Des solutions durables à plusieurs problématiques dont le déficit budgétaire peuvent cependant être proposées dans le cadre de la loi de finances pour 2020. Seulement, l’actuel Exécutif n’est pas habilité à prendre aujourd’hui des décisions aussi importantes. Le gouvernement peut toujours produire un appel d’air frais, en puisant dans les réserves de la planche à billets. Selon l’analyste en économie Mohamed Cherif Benmihoub, 40% des 6 553 milliards de dinars imprimés au titre du financement non conventionnel de l’économie sont en réserve et l’Exécutif n’hésitera pas à y puiser. L’économiste formule, lui, que pour sortir de l’impasse, le pays va devoir agir sur les dépenses de fonctionnement de l’État, dont il estime qu’elles devraient être réduites d’au moins 10%, hors salaires.
Youcef Salami