« La safranière Tariki » (safran ma route), produit un safran bio de très haute qualité. Cette jolie fleur de crocus, issue d’une rigoureuse sélection, transforme tout ce qu’elle touche en or au fil des saisons.
« La safranière Tariki » (safran ma route), produit un safran bio de très haute qualité. Cette jolie fleur de crocus, issue d’une rigoureuse sélection, transforme tout ce qu’elle touche en or au fil des saisons. Elle fait voyager d’Iran en Italie, en passant par le Maroc, mais c’est bel et bien en Algérie, plus précisément à Constantine, qu’elle donne le meilleur d’elle même.
Cette safranière est implantée dans la commune Ben-Badis, à Constantine. Chaque automne, la floraison magique et subite du safran est impatiemment attendue.
L’aventure commence en 2010. Louiza et Mustapha Aknouche parlent avec une grande passion de la réussite d’une expérience originale en Algérie. Celle de la culture du safran dans une exploitation située à Ben-Badis, commune plus connue sous le nom d’El-Haria, située à 40 km de Constantine.
Le couple, qui a acquis une expérience dans le domaine après avoir suivi une formation de safranier, gère une exploitation à Cuers, dans le département français du Var. «On vient souvent à Constantine, chez la famille de mon épouse, pour leur rendre visite, et c’est là que nous avons constaté que le climat et l’altitude sont très favorables à ce type de culture, alors on s’est dit pourquoi ne pas tenter l’expérience de la culture du safran à Constantine», explique Mustapha.
Comme première approche, le couple fait un tour du côté de la Chambre d’agriculture. Chanceux, ils trouvent un céréaliculteur qui s’est intéressé à leur projet. «Nous avons expliqué à Abdelatif Benhamadi, un céréaliculteur de la région, tous les détails de cette opération, et il s’est dit prêt à nous aider en nous offrant un lot de terre pour entamer les essais», poursuit Louiza.
Le meilleur safran au monde
Le travail a été entamé vers la fin du mois d’août, avec la plantation des premiers bulbes, et les premières fleurs seront récoltées dès le mois de novembre, soit trois mois après. Une récolte, ou plutôt une course contre la montre, «le crocus sativus se fane en un jour».
«Du lever au coucher du soleil, on s’active pour en cueillir un maximum et, aussitôt, sélectionner, séparer puis sécher les précieux stigmates, ces trois petites branches rouges et épaisses qui se dégagent de la corolle. Tout ce travail de cueillette des fleurs et de séparation des pistils et des stigmates, ainsi que l’entretien de la plantation se fait manuellement et nécessite une main-d’œuvre qualifiée», souligne Louisa, qui précise que pas moins de 150.000 à 200.000 fleurs sont nécessaires pour produire un seul kilo de safran qui sera vendu entre 30.000 et 40.000 euros, soit trois fois plus cher que le caviar.
L’expérience prénommée «Safran tariki» (safran, ma route) réussit et le safran, appelé aussi l’or rouge, est cultivé avec succès. «Ce fut une agréable surprise pour nous, car les bulbes se sont adaptés à la nature du sol, et le résultat a été très encourageant», dit Louiza, avec satisfaction.
Les résultats effectués par un laboratoire français auquel les jeunes safraniers ont soumis des échantillons de leur première cueillette étaient une révélation. «Le laboratoire nous a certifié que ce type de safran cultivé à Constantine est le meilleur au monde, du point de vue arôme, goût et odeur, chose à laquelle on ne s’attendait pas», déclare Mustapha. «Les bulbes de safran, plantés entre août et septembre, permettent une seule cueillette par an, au mois de novembre, mais un seul bulbe peut se multiplier et donner, en cinq ans, 150 nouveaux bulbes qui seront déterrés pour être plantés à leur tour. Une première en Algérie. Les bulbes se sont bien comportés et se sont adaptés au climat et à la terre. Cela promet beaucoup», ajoute-t-il.
Une ressource financière pour l’Algérie
Il faut dire que cette activité pourrait générer des ressources financières importantes pour l’Algérie, mais qui permettra aussi d’offrir des postes d’emploi aux jeunes. «Le prix du safran est très cher, mais il faut savoir aussi que pour avoir un gramme de safran, il faut traiter jusqu’à 240 fleurs, et pour une bonne récolte, il faudrait planter jusqu’à 40 bulbes/m2. Tout cela demandera une parcelle plus importante», soulignent Mustapha et Louisa Aknouche
Le couple Aknouche, ayant réussi un grand défi, espère un soutien des autorités de la wilaya pour développer une activité qui s’est avérée très prometteuse. Tout en décidant de poursuivre leur aventure, ils comptent beaucoup sur le soutient de l’État afin de réaliser leur rêve. «Notre rêve demeure d’avoir un terrain d’au moins 10 ha pour réaliser la première safranière en Afrique, ce qui nous permettra aussi de former et de faire travailler des dizaines de jeunes, pourvu que les autorités nous suivent et nous accompagnent dans cette entreprise», estiment-ils.
Sarah A. B. C.