La mise en ligne des e-mails piratés sur le site Wikileaks était un « effort conscient d’un Etat-nation » pour interférer avec les élections présidentielles américaines, selon le chef de la National Security Agency (NSA).
L’entité du renseignement numérique américain vient donc de frapper un grand coup. Son patron, Michael S. Rogers confirme, au Wall Street Journal, le piratage des serveurs des messages électroniques du Comité National Démocratique. Pour lui, un tel acte vise à créer, via Wikileaks, une interférence entre les élections présidentielles US et le contenu des messages piratés.
C’est une véritable mise en garde contre le hacking massifié qui menace l’avenir de la relation entre la politique et le numérique. « Il ne fait aucun doute que ce n’est pas quelque chose qui a été faite d’une façon décontractée ou par hasard. Le choix de la cible n’était pas arbitraire. C’est un effort conscient d’un Etat-nation pour tenter d’atteindre un but précis » affirme Rogers. Ces déclarations visent à alerter les instances internationales que les messages électroniques d’un parti politique ou d’une permanence électorale peuvent être une cible facile pour les hackers.
La publication des contenus dérobés aura un impact majeur sur tout processus politique dans lequel s’est engagée la victime du piratage. L’exemple américain a bien montré qu’un site web comme Wikileaks peut aider une puissance étrangère non identifiée et facilement « télédéformer » les résultats des élections. Il est difficile de dire dans quelle mesure Wikileaks et les pirates informatiques ont contribué à l’élection de Donald Trump.
Toutefois, la mise en ligne d’un contenu confidentiel pourrait être considérée comme le début d’une tendance inquiétante. En effet, si les gouvernements de différents pays apprennent que le duo « hacking/web » peut jouer réellement un rôle important dans l’issue finale d’une élection ou tout autre processus politique, nous allons assister à une véritable massification de vols de documents et de données numériques.
Les déclarations du directeur de la NSA montrent ainsi que la relation entre la politique et l’univers numérique risque de subir la crise de plein fouet et fera appel à une nouvelle gouvernance technologique des processus politiques. Voilà une équation difficile à résoudre sans faire appel à la promotion du chiffrement des données. Le cryptage est l’unique démarche qui fera éviter à un pays de perdre le contrôle sur ses processus politiques.