940 listes électorales et 11 334 candidats en course pour les législatives 2017. Et c’est une épreuve bien difficile pour tous. Très difficile. Rien à voir avec celles de 2012 et surtout pas celles d’avant. L’utilisation large des TIC a bouleversé l’organisation de l’opération électorale à tous les niveaux. Il est vrai que ce développement de la technologie, de plus en plus rapide et de plus en plus remarquable, a grandement contribué à la modernisation de l’administration. Cela a permis notamment de faciliter le travail des services du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, en ce qui concerne particulièrement l’examen et la validation des listes des candidatures, ainsi que l’assainissement du ficher électoral. En revanche, cela n’aide aucunement la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), créée à la faveur de la révision de la Constitution, en février 2016, à remplir convenablement sa mission. Elle ne pourrait, à elle seule, contrôler tout. Et pour cause, les pouvoirs publics ont prévu les déplacements des candidats dans les wilayas et les villes, de même que leur passage à l’antenne (télévision et radio), mais pas leur «invasion» de l’espace bleu de la toile, en l’occurrence Facebook. Tous les partis et pratiquement tous les candidats en lice pour la députation, disposent de pages Facebook, spécialement pour la campagne. Sans compter les autres réseaux, principalement Twitter et Youtube. Et ces pages sont utilisées pour communiquer avec les citoyens, potentiels électeurs le 4 mai prochain. Les vidéos en quantités partagés par les candidats, leurs partis et leurs soutiens ciblent un grand nombre de citoyens, beaucoup plus important que lorsqu’ils effectuent des sorties sur le terrain. C’est amusant (c’est quelque chose de nouveau et il y a l’interactivité, en plus des «j’aime» comme l’a dit un de ces candidats qui affirme son admiration pour ce nouveau support de communication). En plus, c’est gratuit. Surtout cela. Facebook ouvre grandes ses portes à tous les candidats pour parler d’eux et de leurs programmes. Surtout de leurs programmes, alors qu’il s’agit d’un scrutin législatif et non pas présidentiel. Des internautes ont relevé cette différence de taille. Une erreur, selon eux, commise par l’ensemble des candidats et qui réduit donc leurs chances de «remporter la victoire». Une erreur à ne pas commettre en ces temps «d’austérité». En ce moment précis où le prix de la pomme de terre tarde à baisser malgré les dernières mesures prises par le gouvernement. Pire encore, le kilo de la tomate qui ne veut pas descendre à moins de 150 DA. Les usagers du net, de plus en plus nombreux, ont clairement dit aux candidats à la députation que ce qu’ils attendent d’eux, c’est seulement d’assurer leur mission de députation, soit transmettre leurs préoccupations aux ministres du gouvernement et freiner ce dernier dans ses «actions restrictives». Les citoyens ne veulent plus entendre parler d’une augmentation des prix de l’essence, de l’électricité et du gaz. Bien au contraire, ils réclament des baisses et des «mesures incitatives» en matière d’emploi et autres. Ce qu’ils demandent aux futurs députés, c’est d’assurer leur rôle de «médiateurs», mais aussi qu’ils défendent le pouvoir d’achat des couches moyennes qui n’existent pratiquement plus en Algérie. Quant aux programmes, cela intéresse peu celui qui s’est décidé à s’intéresser à cette campagne. D’autant que les programmes des uns et des autres ne diffèrent pas. Le RND, le FLN, le MPA, TAJ, l’ANR et d’autres parlent de la nécessité de préserver la stabilité du pays et tous évoquent un même programme qui est celui du président de la République. Pourquoi donc cet éparpillement ? Le citoyen, aujourd’hui, qui a un accès rapide et facile à l’information, instantanée et continue, la création et le dynamisme des chaînes de télévision privées aidant, connaît ce programme. Il le connaît trop bien même. Parallèlement, il y a le programme des islamistes. Celui-ci aussi, ils le connaissent trop bien. Les partis islamistes eux-aussi sont éparpillés bien qu’ils défendent un même programme, mais c’est une bonne chose, diront certains. C’est même très bien. Sauf que, dans les faits, ces partis ne sont jamais séparés. Le MSP d’Abderrazak Makri s’est allié avec le Front du changement d’Abderrazak Menasra. En fait, ce n’est pas une alliance, mais carrément une fusion, dictée par les législatives et l’après-législatives. Makri et Menasra, tous les deux issus d’une même famille, celle fondée par le défunt Mahfoud Nahnah, l’ont dit maintes fois. Ils visent la présidentielle 2019 et pas seulement les législatives 2017. Boudjerra Soltani, l’ancien président du MSP, ce dernier ayant occupé le poste de ministre plusieurs fois, lui aussi revient dans la vieille maison. C’est une loi de la vie: les frères dispersés finissent toujours par revenir dans le giron familial. Soltani était hier avec Menasra lors de son déplacement à l’université de Dely Ibrahim (Alger) où ils ont participé à une campagne de don de sang. Ils étaient côte à côte et très contents de l’être. Il est clair que tous les trois veulent reconstituer l’ancien parti, quel que soit celui qui sera nommé officiellement aux commandes. Abdallah Djabballah, deux fois éjecté des partis qu’il a créés lui-même, en l’occurrence Ennahda et El Islah, avant de créer un troisième qui est le front pour la justice et le développement (FJD), ambitionne lui aussi la reconstitution d’une autre ancienne formation, Ennahda, sa première création. Il est clair que l’enjeu pour tous ces partis, et bien sûr pour le FLN – ce dernier l’a dit à haute voix avant l’entame de la campagne- c’est la présidentielle 2019 et non pas les législatives 2017.
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