Par Hocine NEFFAH
Il s’agit de trouver un minimum d’entente sur un «essentiel» démocratique, voire patriotique.
La situation politique s’accélère, les enjeux se corsent, surtout que la date butoir du dépôt de dossiers de candidature à l’élection présidentielle a été consommée sans pour autant que les candidats manifestent un intérêt quant à l’événement qui est rejeté par la quasi-majorité du peuple algérien.
Le premier indice d’un échec cuisant en rapport avec un processus électoral, c’est le retrait de l’ensemble des candidats qui postulaient pour la magistrature suprême, à savoir la présidence de la République. Cette attitude conforte la position de la classe politique et celle de la société civile à travers son mouvement populaire, qui ont manifesté et exprimé vertement et sans ambages leur rejet total de la «mascarade» électorale que les tenants du système cherchaient à faire actionner dans le but de se faire réhabiliter.
La donne va complètement changer, la démarche «constitutionnelle» prévoyant uniquement l’article 102 sans avoir une vision plus profonde et ouverte sur les exigences de la situation politique peu reluisante du pays, cette situation est presque dépassée et caduque. Il est demandé maintenant de trouver une issue le plus rapidement possible dans la perspective d’entamer un processus politique tout autre qui n’a rien a voir avec celui qui imprimait la scène nationale, à savoir un processus électoral qui ne répond plus aux attentes et aspirations des Algériens qui ne veulent plus de système en place, et ils veulent en découdre avec lui en projetant d’aller vers un autre modèle politique où, le choix du peuple d’une manière souveraine sera l’instrument propre de ce nouveau système que vise à asseoir la majorité du peuple à travers sa revendication qui repose sur le changement radical et la mise en place des contours de la IIe République. Il s’agit maintenant de trouver la clé qui sera en mesure d’enclencher le processus du dialogue national, lequel ciblera toute la mosaïque que constitue la classe politique et la société civile, qui tend vers le changement du régime et de tous ses symboles.
La démarche n’est pas aussi facile ni à portée de main, il s’agit de trouver un minimum d’entente sur l’essentiel démocratique, voire patriotique dans le but de baliser le terrain pour que tout le monde puisse avoir droit à l’expression et à la représentativité comme critères de sérieux qui pourraient se dégager de ce nouveau processus politique aux contours d’un dialogue inclusif dans la perspective de mettre en branle, une nouvelle dynamique qui sera intitulée période de transition.
Tout l’enjeu est là. C’est la réunion de ce potentiel autour de la démarche de dialogue politique qui préparera les conditions d’une période de transition capable d’opérer l’engagement du pays vers une nouvelle étape faite d’un processus qui va permettre à l’Etat de se doter de vraies institutions qui seront un socle de la nouvelle République démocratique et sociale.
Cette démarche exige de la part de ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir réel, à savoir l’institution militaire d’afficher une volonté sûre d’aller vers une issue négociée en assumant une feuille de route claire quant à une sortie de crise qui se cristallise via des points bien énumérés, mais aussi qu’il faut bien s’entendre sur la période pour concrétiser lesdits points et remettre le pouvoir à une institution civile qui sera responsable devant son électorat.
Le contexte est très particulier, voire exceptionnel, d’où l’urgence de trouver un terrain d’entente entre l’institution militaire, les représentants de la classe politique et la société civile pour juguler la crise de l’instabilité institutionnelle qui commence à prendre de l’ampleur.
Il est urgent de s’asseoir autour d’une table pour déterminer les priorités et trancher l’essentiel de la crise, à savoir entamer une transition politique. Celle-ci finira par permettre aux Algériens de rompre avec les pratiques honnies et rejetées depuis des décennies et se réconcilier avec la pratique standard et acceptée par toutes les conventions, à savoir le respect du suffrage universel et la transparence dans le déroulement du processus électoral comme seule garantie du parachèvement de l’édifice institutionnel de l’Etat et de sa consolidation.