Le Gabon ne saurait devenir la 11e province du Maroc. Il ne sera pas non plus le Polisario en Afrique subsaharienne», peut-on lire sur le site du journal Matin d’Afrique.
Le roi du Maroc se trouve au Gabon pour y passer les fêtes de fin d’année. Le président de ce pays est quant à lui au Maroc où il poursuit sa convalescence. Une situation plutôt cocasse il faut le reconnaître. Elle intrigue. Les médias s’interrogent et vont même jusqu’à y voir une mise sous tutelle marocaine. La genèse de cette affaire remonte à l’hospitalisation du président gabonais à Riyadh, à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Ali Bongo qui devait poursuivre sa rééducation à Londres, en Angleterre s’est finalement retrouvé au Maroc. Et c’est sur insistance du souverain marocain qu’il a été transféré à sa clinique privée à Rabat. Une démarche qui serait revêtue d’arrière-pensées qui n’auraient pour autre dessein que de mettre la main sur les richesses du Gabon. «Depuis lors, c’est Mohammed VI qui est devenu le pater familias des Bongo et régent du Gabon. C’est lui qui détermine l’agenda de Ali Bongo et décide de qui il doit recevoir. De fait, sa démarche procède d’une volonté de contrôler le Gabon, ses richesses et ses terres arables», constate le média Matin d’Afrique dans un éditorial consacré à cette affaire. De là à y voir une similitude avec le Sahara occidental il n’y avait qu’un obstacle à sauter. L’éditorialiste du Matin d’Afrique l’a franchi allégrement. Ecoutons-le: «Mohammed VI et son Maroc veulent gérer le Gabon comme le Polisario, qui a pourtant proclamé, en 1976, une République arabe sahraouie démocratique (Rads) et qui réclame l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour régler le conflit né au moment du départ des colons espagnols», écrit Jonas Moulenda. Et de lancer un conseil au monarque chérifien. «Quelles que soient ses accointances avec Ali Bongo, le roi Mohammed VI doit respecter la souveraineté du Gabon et de son peuple. Celui-ci a clairement affiché sa volonté de rupture lors de l’élection présidentielle du 27 août 2016. Ce choix n’est pas négociable!» a-t-il ajouté. Pour le journaliste d’investigation gabonais il est clair que cette affaire met en exergue la préservation des intérêts et du trône marocain. «Mohammed VI veut continuer de faire main basse sur l’économie gabonaise. Son pays, à travers ses holdings, est présent dans tous les pans de l’économie: banque, télécommunications, transport, mines, etc. L’or exploité à Minkebé, à Ndjolé ou à Mimongo, par exemple, profitent à la famille royale», assène Jonas Moulenda. Il y aurait donc anguille sous roche. Une casserole de plus pour l’héritier de Hassan II dont le pays est secoué par des revendications qui n’ont pas encore trouvé de réponse au point d’avoir instauré l’état de siège à El Hoceima épicentre de la contestation dans la région du Rif. Cette ville rebelle a été quadrillée en juillet 2017. Des check-points avaient été installés sur tous les axes routiers qui y mènent empêchant toute personne désirant se déplacer d’une bourgade à une autre. Signe d’une révolte qui couve comme un volcan alors que le récent assassinat des deux jeunes touristes scandinaves a démontré que le Maroc est un véritable terreau pour les bandes sanguinaires de Daesh. C’est dans un tel contexte que cette affaire a éclaboussé le trône marocain. Les préoccupations de son peuple peuvent attendre…