Le Royaume-Uni de Theresa May et l’Union européenne ont déclenché hier les procédures de divorce, neuf mois après le vote pour le Brexit. Un long processus de négociations devrait aboutir à ce divorce après 44 ans de mariage à conditions.
La lettre de divorce, signée mardi soir par Theresa May, a été transmise au président du Conseil européen Donald Tusk. Par cet acte, le gouvernement britannique a activé officiellement l’article 50 du traité de Lisbonne, lançant ainsi la sortie de l’Union européenne (UE) qui s’apprête à fêter ses soixante ans. Londres et l’UE disposent à présent de deux ans pour boucler les négociations de sortie, hors éventuelle prolongation décidée à l’unanimité. Pour nombre de pays partenaires de l’Union européenne et du Royaume-Uni, il va falloir désormais composer avec un couple en instance de divorce. Tous ces pays croisent surtout les doigts pour que les négociations pour le Brexit s’achèvent dans les meilleurs délais pour que les conséquences ne soient pas un fardeau. L’Algérie, qui a de longues traditions de partenariat avec l’Union européenne, son premier partenaire commercial, devra renégocier désormais les termes de ce partenariat, tant avec l’UE qu’avec les Britanniques. Dès potron-minet, à l’heure même de l’annonce des résultats du vote pour le Brexit, l’Algérie, par le biais de Abdelaziz Benali Chérif, ambassadeur en poste à Bruxelles, a souhaité que « le processus de retrait effectif du Royaume-uni puisse avoir lieu dans les meilleures conditions possibles afin d’éviter ou de minimiser, dans un monde globalisé et interdépendant, les turbulences éventuelles consécutivement à ce développement qui affecte structurellement la construction européenne ». En tout cas, le déclenchement hier du Brexit offre à bon nombre de pays une situation nouvelle à laquelle ils doivent désormais faire face. L’Algérie devrait privilégier désormais les relations bilatérales avec le Royaume-Uni plutôt que de caser ce partenariat dans le compartiment des rapports régis par l’Accord d’association conclu avec l’Union européenne. De prime abord, le Brexit devrait rapprocher un peu plus Alger et Londres, notamment sur le plan économique. De ce point de vue, le Brexit serait ainsi une aubaine pour de nouvelles opportunités de partenariat et d’échanges commerciaux. Leur valeur est infime ; près de 7 milliards de dollars avec une prédominance des hydrocarbures dans le panier des produits exportés par l’Algérie, ce qui nécessiterait sans nul doute d’importants efforts pour une quelconque renégociation du cadre bilatéral régissant le partenariat algéro-britannique. L’Algérie gagnerait aussi au change si les Britanniques venaient à confirmer par les actes la réorientation de leur politique d’investissement vers l’Afrique.
A la condition que l’Algérie sache tirer son épingle du jeu. Pour l’heure, les investissements directs britanniques en Algérie se comptent sur les doigts d’une seule main ; British Petroleum dans les hydrocarbures, Rolls Royce dans l’aéronautique, HSBC dans la finance, GSK et Astrazeneca dans l’industrie pharmaceutique, Unilever dans la production des détergents et Eire Mazraa dans l’élevage pour la production laitière. Cependant, il serait difficile d’imaginer que l’Algérie sortirait indemne de l’onde de choc mondiale que provoquerait le Brexit. Une crise financière dans l’Union européenne et le Royaume-Uni provoquerait une rechute des cours du pétrole sous l’effet de la baisse de la demande mondiale aux hydrocarbures et une hausse probable de l’offre et des stocks. Une chose est sûre, le Brexit ne sera pas sans conséquences sur l’Union européenne, premier partenaire commercial de l’Algérie avec, au tableau, plus de la moitié des échanges commerciaux du pays avec le monde. La conséquence sur l’Algérie se mesurera au niveau du séisme que provoquera le Brexit sur le sol du Vieux Continent.