La production de Fertial à l’arrêt : Le syndicat accuse la direction de «trafic»

La production de Fertial à l’arrêt : Le syndicat accuse la direction de «trafic»

Le secrétaire général de la section syndicale de Fertial Annaba accuse le directeur général de l’entreprise de mauvaise gestion, tout en dénonçant ce qui s’apparente à un trafic qui pèse sur la balance commerciale du pays.

Plus de 3 mois et demi après l’explosion, suivie d’un incendie qui a ravagé partiellement l’unité de production d’ammoniac, l’usine Fertial Annaba est encore à l’arrêt total. L’incident, qui a eu lieu le 11 mai 2019, a provoqué le décès d’un ouvrier qui effectuait sa ronde habituelle au moment de l’accident.Un audit a été mis en place par Fertial pour déterminer l’origine de l’explosion, et des opérations de maintenance et de réhabilitation ont été lancées par la société algéro-espagnole.

Le groupe Villar Mir, maison mère de Fertiberia, détenteur de 49% du capital de Fertial, a, quelques jours seulement après l’accident, décidé de prendre des mesures. Les sanctions sont tombées et le directeur de l’usine de Annaba, Fernando Moure Fernandez, a été limogé. Ces sanctions n’ont, semble-t-il, rien arrangé à la situation, puisque l’usine est toujours bloquée. Pire encore, à l’approche de la rentrée scolaire, le tribunal de Sidi M’Hamed a décidé de bloquer l’ensemble des comptes bancaires de l’entreprise. Les salaires des travailleurs ne peuvent donc être versés à cause d’une enquête judiciaire en rapport avec l’homme d’affaires Ali Haddad, qui se trouve actuellement à la prison d’El-Harrach. Celui-ci était détenteur de 17% des actions de Fertial, avant de céder ses parts à Asmidal (filiale de Sonatrach) en mars dernier.

Mais le nouvel accord d’actionnariat n’a toujours pas été appliqué, ce qui fait que Haddad est encore actionnaire de Fertial. Cette situation a fait en sorte que l’entreprise est impliquée dans l’enquête judiciaire qui risque de porter de graves préjudices à cette société en cours de nationalisation par l’Etat algérien.

Une assemblée générale du syndicat de Fertial Annaba est prévue, le lundi 2 septembre, pour discuter de la situation de crise que traverse l’entreprise. Une situation aggravée par le blocage des comptes. Le syndicat fait porter la responsabilité de cette crise à la «mauvaise gestion» dont a fait preuve le directeur général de Fertial, Stephane Dieude. L’arrêt de la production serait, selon le même syndicat, volontaire. «Déjà, aucune décision n’a été prise par la direction de Fertial suite au décès de notre collègue lors de l’explosion du 11 mai dernier. De plus, toutes les unités sont à l’arrêt, alors qu’une seule a été touchée par un accident, en l’occurrence l’unité de production d’ammoniac. Les autres unités peuvent activer. Nous pouvons donc fabriquer de l’engrais phosphaté et nous avons suffisamment de matières premières pour ce faire», selon le syndicat de Fertial Annaba qui dénonce, par ailleurs, la volonté de la direction de l’entreprise, gérée par des Espagnols nommés par Villar Mir, de «favoriser l’importation des engrais phosphatés auprès de Fertiberia, filiale espagnole du groupe Villar Mir».

«D’après ce que je vois et ce que je sais, l’unité MPK (l’unité de fabrication d’engrais phosphatés) a démarré il y a six jours. Peut-être qu’elle n’est pas entrée en production, mais elle est en cours de démarrage. La situation que l’on vit, actuellement, peut, bien évidemment, entraîner des complications dans le processus de fabrication et/ou de distribution», explique, pour sa part, Yacine Sahli, le chargé de la communication de Fertial.

B. ADEM